que l’on nomme Kaffères, et qu’iï visait sur-tout
à faire prisonniers.
Les deux nègres que le prince m’avait donnés
ne savaient point charger des chameaux; le
besoin d’aide me fit prendre un Abâbdeh, sur
lequel on n’avait pas manqué de me donner de
bons renseignemens ; cependant le 20, dans la
nuit , au moment de charger, je m’aperçus que
cet homme s’était enfui en emmenant un de
mes chameaux : cette perte me contraignit à
sacrifier aussi la charge de cet animal ; ce ne fut
pas sans regret que j’abandonnai de superbes
échantillons de roches que j’avais recueillis dans
les environs, et une grande partie de notre
dourah ; je n’avais l’espoir de remplacer,celui-ci
qu’en en rachetant des soldats à un prix excessif.
Enfin, nous partîmes à quatre heures et
demie du matin pour le Fâzoql. On prit une
route dans le sud-est, qui 'devait conduire à
plusieurs montagnes sur lesquelles les peuplades
idolâtres avaient ■ leurs habitations. La plaine
était couverte d’arbrisseaux épars. A sept heures,
nous rencontrâmes quelques cabanes d Arabes
Qenanehs. A huit heures et demie, nous entrâmes
dans un bois ¿acacias, ou Ion trouva
plusieurs réservoirs pleins d eau, creusés par les
Arabes pour y abreuver leurs bestiaux. Les
arbres n’ont guère ici que cinq à six mètres de
hauteur, et leur tronc est peu volumineux: ils
étaient en général dépourvus de leur écorce
brune, qui se détache facilement, et le tronc
reste de couleur d’ocre rouge. J ’y vis en grand
nombre l’acacia que j’ai désigné sous la qualification
de quatrième espèce : ce sont ici
de simples arbustes, armés de très-longues
épines, près desquelles il se forme des excroissances
ou galles. A quatre heures et demie, nous
franchîmes un espace où tous les arbres étaient
des nebkas ; ensuite reparurent encore les
acacias. Nous marchâmes dix heurès pour sortir
de ce bois. A six heures, nous vîmes devant
nous ïçs sommets de deux montagnes, près
desquelles on s arrêta une demi-heure après,
bien fatigué d’une traite de quatprze heures.
Lartillerie, retardée par les abattis d’arbres qu’il
fallait faire pour qu’elle pût passer , était demeurée
en arrière; elle n’arriva que le lendemain
matin avec le prince. Nous passâmes le jour ici.
Nous fûmes réveillés durant toute la nuit par les
cris des hyènes, des singes et autres animaux
qui habitaient les hauteurs voisines : le bruit
que nous avions fait et les feux du camp sem-
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