mais j’aurais voulu conserver l'animal : on lui
administra le dernier stimulant, qui consistait
à le brûler par derrière avec une torche allumée ;
ce moyen violent produisit son effet : la pauvre
bête se releva, courut, mais ce fut pour aller
tomber un peu plus loin ; il fallut bien l’abandonner.
Mes autres chameaux n’étaient guère
moins accablés de lassitude : nous fûmes ce jour-
là contraints de rester en arrière, et de marcher
de compagnie avec les traîneurs; Les doums
abondent sur cette partie de route. Au jour,
l’armée se retrouva près du Nil, que l’on continua
à longer de très-près. Le sol était formé de
schistes feuilletés verdâtre et bleuâtre. Je trouvai
bientôt beaucoup de coquilles bivalves ,
parfaitement semblables aux huîtres de mer;
j’en avais déjà rencontré la veille quelques
fragmens. J ’aurai occasion de parler ailleurs de
cette coquille extraordinaire.
A huit heures, le Nil faisait un petit coude
dans l’est ; nous nous en écartâmes un moment
pour entrer sur de vastes plaines de nature en
partie sablonneuse et en partie argilacée, où
croissent beaucoup d’arbrisseaux, d’acacias et
d’herbages épars. Ici finit le sol primitif et commence
le grès, qui constitue celui de la plaine ;
les deux rives du Nil sont en général incultes.
Trompés par l’effet des mirages, nous croyions
toujours’ voir ce fleuve tout près en face de
nous. Nous nous trouvâmes en réalité sur ses
bords, à onze heures : là sont éparses un petit
nomibre de cabanes en terre, dont 1 ensemble
prend le nom d’Ouaoussy; sur 1 autre rive est
bâti le village A’beydyeh, qui paraît être environné
de cultures assez étendues.
Nous nous arrêtâmes une heure pour faire
reposer et manger nos chameaux. A deux heures
et demie, nous laissâmes à droite, dans une espèce
de vallon bordé de montagnes de grès, le
village d’An-Nakharah, doiit les champs avaient
une belle apparence. Nous rejoignîmes l’armée
à trois heures et demie : elle était campée près du
Nil, au bas d’une montagne qui, sur ce point,
s’avance à deux cents pas du fleuve. Nous avions
marché douze heures.
Le 5, on partit à quatre heures du matin, en
longeant la lisière des terres cultivées et celle
du désert : il s’étend ici dans l’ouest en vastes
plaines sablonneuses et argileuses, qui paraissent
être fréquemment arrosées par les pluies; il y
végète quelques arbrisseaux. A trois quarts de
lieue, nous traversâmes un grand village dont