comme elles étaient auparavant. C’était à Mounâ
que devait ■ avoir lieu le rassemblement des
troupes. Sur ces entrefaites, Regeb, abusant
de la confiance d’A’dlân, conçut le projet de se
débarrasser de son compétiteur par une lâche
trahison: il se persuadait que les partisans de
celui-ci ne balanceraient point ensuite à se ranger
sous sa bannière. En conséquence, vers la fin
de mai, A’dlân, livré au sommeil, fut assailli
par une foule d’assassins qui enfoncèrent ses
portes: il se lève, saisit ses armes, et se défend
avec fureur; mais couvert de blessures, il succombe
sous le fer d’Abdallah-Niknitt et d’Idris-
Ouad-Aquindi, écuyers de Regeb, payés par
lui pour commettre cet attentat.
Regeb croyait alors avoir vaincu tous les
obstacles; mais les troupes d’A’dlân, qui chérissaient
leur chef, firent éclater l’horreur que
leur inspirait une action aussi atroce, et ne
répondirent aux propositions du meurtrier que
par des cris de vengeance.
A Gondâl, le l . er juin, ces mêmes troupes,
commandées par le ministre d’A’dlân, en vinrent
aux mains avec celles de Regeb : le nombre des
combattans, de part et d’autre, était, dit-on,
de trois mille. Regeb remporta l’avantage ; mais
cette victoire fut loin d’augmenter la force de
son parti. Quelques jours après, ayant appris
que l’armée d’Ismâyl avait passé le fleuve Blanc
et qu’elle s’avançait sûr Sennâr, Regeb ne songea
qu’à fuir avec une partie des siens, parmi lesquels
étaient les deux assassins d’A’dlân ; il passa
le Nil, le Dender, le Rahad, et alla se réfugier
dans les montagnes sur les confins de ¡’Abyssinie.
Alors Bâdy, se trouvant seul investi
du pouvoir, réunit à lui l’ancien parti d’A’dlân ,
et se porta au-devant du pacha jusqu’à Ouâd-
Moayen : il lui présenta sa soumission, et déclara
reconnaître le sultan Mahmoud comme
maître du royaume. Les enfans d’A’d lân , qui
l’accompagnaient, implorèrent la justice d’Ismâyl
pour qu’il ne laissât pas impuni l’assassinat de
leur père : il promit de les venger. Le pacha
fit ensuite servir le café au roi Bâdy, qui lui
offrit en présent quatre superbes chevaux abyssins.
Ismâyl répondit à cette poütesse en lui
donnant une riche pelisse d’honneur, un costume
tu rc , deux châls de cachemire, un sabre,
des pistolets et deux chevaux richement enharnachés.
Ils prirent ensemble le chemin de
Sennâr. Aux approches de la ville, le pacha
fit marcher ses troupes en ordre de bataille;