Tiammed ne leur fit alors que peu de mal, et
continua sa marche dans l’est vers la montagne
de Tâby, contiguëà une chaîne de collines moins
haute, aussi dans le territoire de Rertât. Ils mirent
deux jours pour y arriver, après avoir de-
passé la montagne de Bouck. Le Tâby est très-
éïevé : il est en partie couvert de bois et de
huttes éparses, habitées par des nègres idolâtres :
ces huttes sont en chaume, de forme circulaire,
et ressemblent assez à celles du Sennâr. Les
troupes commencèrent à gravir sur la montagne
vers les trois heures de l’après-midi : les chemins
difficiles retardèrent leur marche ; ils s’étaient
trompés sur la distance à parcourir ; l’approche
de la nuit les obligea de retourner sur leurs pas.
Le lendemain, au jour, ils recommencèrent à
monter, après s’être divisés en trois corps qui devaient
se diriger chacun par un chemin différent.
Au bout d’une heure, ils arrivèrent au sommet
de la montagne, où ils trouvèrent beaucoup de
noirs qui firent mine de'résister,'mais que les
armes à feu épouvantèrent tellement, qu’ils se
rendirent prisonniers. La soldatesque pilla tout
ce que leurs pauvres cabanes pouvaientcontenir,
et l’on emmena hommes / chameaux, boeufs, &c.
Après deux jours de repos, la trempe revint sur
ses pas, et se porta sur la montagne de Bouck,
puis sur celle de Kakour , dont lés malheureux
habitans subirent le même sort. En cé dernier
endroit, Hàggi-Hammed jugea à propos d’èm-
pioyer la ruse, ou, si Fon veut, la trahison. Il envoya
à ces pauvres gens des parlementaires pour
leur proposer un accord : on exigeait qu’ils
payassent un tribut en esclaves et en chameaux.
Ils acceptèrent ces conditions : en conséquence,
Haggi-Hâmmed monta vers eux avec une partie
des siens, sous prétexte de recevoir le tribut
imposé; mais, à peiné arrivé, il fit cerner les
villages et faire main-basse sur tout ce qui se
trouva. On évalua à plus dé mille le nombre des
malheureux qui, dans les trois incursions, périrent
en se défendant, ou par suite des fatigués,
de là route : près de deux mille prisonniers, dont
les deux tiers de femmes et d’enfans, six cents
chameaux, enlevés plutôt à des Arabes nomades
qu’aux nègres idolâtres ; un plus grand nombre
de boeufs et de vaches ; tel fut le produit de
cette campagne. Lès esclaves furent envoyés en
Egypte. Les hommes portaient une peau de
chèvre en ceinture ; les femmes un morceau de
toile de coton. Les soldats expéditionnaires
couvrirent long-temps la place du marché dès