commun, acquiert quinze à vingt-cinq pieds de
hauteur. On ne voit point de sycomores.. Les
boeufs ont la plupart une bosse très-saillante sur
les reins; les chevaux sont beaux. Cette province
, confiée aujourd’hui à la sage administration
du brave A’bdin bey, ne saurait manquer
d’éprouver une amélioration sensible.
Le 2 février, le mélik Mahammed nous dit
qu’il n’y avait rien à craindre sur la route qui
longeait le Nil, et que nous pouvions nous y
engager sans inquiétude. Cette assurance me fit
d’autant plus de plaisir, qu’en nous dirigeant à
travers le désert, je n’aurais pu effectuer le projet
que j’avais conçu de déterminer le cours du
fleuve, qui, sur ce point, entre autres, n’était
point encore connu.
' Kafis-Effendy avait loué des chameaux pour
porter ses bagages, ceux que lui avait donnés le
gouverneur ne lui suffisant pas ; mais les Arabes,
ayant peur sans doute de n’être pas payés, prirent
la fuite dans la nuit avec leurs bêtes. Je craignais
que cette escapade ne nous retînt encore fort
long-temps; heureusement on en trouva d’autres
le même jour. Le lendemain 3 , nous partîmes à
onze heures et demie, et suivîmes une route qui
longeait, à un demi-quart de lieue, les bords du
fleuve. Le chargement de nos bêtes de somme
ayant été mal fait, nous fûmes obligés de faire
halte au bout de deux heures, àBanga-Nârti, par
17° 57' 35" de latitude nord. En ce lieu croissent
beaucoup d’acacias ; mais on y remarque peu de
terres cultivées.
En face est l’île de Tangoussy, grande, cultivée
et habitée : nous avions laissé plus au nord
celle d’Ammour, cultivée aussi.
Le 4, à sept heures du matin, nous continuâmes
à marcher entre les limites du désert et
le Nil, dont les rives étaient couvertes d’acacias,
et que nous cotoyions de plus ou moins près,
quelquefois à une lieue de distance. Le désert
est montueux , inégal, parsemé de petits monticules
de sable : il est plus élevé dans le nord. Depuis
Dongoïah , le Nil décrit vers l’est une ligne
courbe. Sur la rive sud, nous dépassâmes Guebr-
Ahmar et Korodaguiï, villages assez grands et
habités ; l’Ouâdy el - Maêt, lieu désert. Sur la
gauche du fleuve, 011 voyait Edab-Dolib, beaucoup
d’autres villages, et des îles dont les noms
et les positions sont indiqués sur la carte. A un
quart de lieue du fleuve, de hautes murailles en
ruine couronnaient la crête d’un rocher élevé : c’étaient
les restes d’une forteresse et d’un village