on y recueille un peu de coton, de l’orge, du
sempsem et du sel, qui s’exporte jusqu’au Sen-
nâr. Le passage des caravanes, comme à Bar-
bar et à Chendy, y entretient l’esprit mercantile
, mais non avec une égale activité. La province
renferme beaucoup d’Arabes nomades qui
y élèvent des troupeaux de brebis, et paient
des droits au mélik, qu’iis acquittent souvent en
nature.
A Fouest du fleuvê, habitent des arabes Qé-
rérats, Qenâouys, Qéméâbs , qui la plupart sont
des Kabâbychs; des Arabes Abdaïlâbs, qui,
pour la plupart aussi sont des Hassânyehs, occupent
les régions de l'est : Fexploitation du sel
fossile est Fobjet majeur de leur industrie.
Ici nous apprîmes que le Sennâr était en
révolution ; que le roi légitime , depuis longtemps
retenu captif par deux usurpateurs ,
prétendait aujourd’hui faire valoir ses droits;
qu’un de ces usurpateurs venait d’être tué par
un troisième contendant qui voulait à son tour
s’emparer de ïa royauté. La nouvelle de ces
troubles intestins, de ce choc des partis, présentait
à Ismâyl une occurrence trop favorable à
ses vues, pour qu’il ne s’empressât pas d’en profiter.
En conséquence, il donna l’ordre du départ.
C H A P IT R E X X X II.
Arrivée au fleuve Blanc. — Passage du fleuve ; départ pour
Sennâr; espérance de combattre. *— Ruines de Sobab. — Caravane
d’esclaves. — Familiarité du peuple. — Ibis noir ; Rabad ;
erreur de Brüce. —* Soumission de Sennâr. -— Hippopotame ;
• crocodiles; bois, Dender. — Singes; orages; étbéries et
autres coquilles ; crocodiles naissans. — Arrivée à Sennâr.
Le 27 mai, à trois heures un quart, l’armée
se mit en marche. Nous n’étions plus qu’à quelques
heures de l’embouchure du fleuve Blanc :
ce jour fut pour moi un des plus beaux de mon
voyage. La route suit le bord du fleuve; il n’y a
plus de terres cultivées : à Fouest, le sol, plus
élevé, était couvert de bois touffus d’acacias ; les
guides de Farmée me dirent qu’on y trouvait
des giraffes ; nous vîmes en effet les traces de
quelques-unes. L’hippopotame est commun dans
cette partie du Nil ; nous en vîmes deux sortir
la tête hors de l’eau. Le sol est toujours de
grès. Ap rès deux heures de marche, nous vîmes
Omdôm, île grande et cultivée; plus au sud-est,
File de T o u ti, de moyenne étendue, au confluent
du Bahr el-Azraq avec le Nil ; et au sud-
ouest, une très-petite île à l’embouchure du fleuve