évaluée à la moitié de celle des villages au nord
de Sennâr. Jusqu’à deux jours seulement au-
dessus de cette ville, ceux-ci sont grands et populeux
; les champs cuitivés occupent des surfaces
étendues : plus haut, la population manque; les
terres sont abandonnées à l’envahissement des
bois qui couvrent le pays et deviennent la retraite
inaccessible des animaux sauvages : l’éléphant
entre autres y est commun.
Le 16, ie départ eut lieu à quatre heures et
demie : à six heures trois quarts, nous traversâmes
le petit village d’el-Kouk, situé sur une
hauteur. A sept heures et demie, on entra dans
une belle vallée couverte de verdure, à cinq
cents pas de distance du fleuve. A huit heures
et demie, nous aperçûmes un village bâti sur
un coteau bien boisé, à l’ouest delà vallée. A
neuf heures et demie, on s’éloigna du fleuve,
en se dirigeant à l’ouest par de petits sentiers
vers le village d’el-Qerebyn : nous traversâmes
le plus grand champ de dourah que j’eusse
encore vu ; il pouvait avoir trois quarts de lieue
de tour ; les soldats se jetaient avec avidité sur
les tiges encore vertes de cette plante, pour sucer
là sève très-sucrée qui se trquve près de la
racine. Après avoir cheminé ensuite pendant
une lieue, à travers une plaine parsemée de petits
arbrisseaux, nous entrâmes dans un bois d’acacias
entremêlés de quelques nebkas, que les
soldats s’empressaient de dépouiller de leurs
fruits. La terre, nouvellement imbibée par les
eaux, était criblée de trous creusés par les pas des
éléphans, et qui, masqués par l’herbe, faisaient à
chaque instant trébucher les chameaux; nulle
part je n’avais vu tant de traces de ces quadrupèdes
: la plupart des arbres attestaient aussi leur
présence par les nombreuses blessures qu’ils leur
font avec adresse pour en extraire le suc, qui
paraît être pour eux un régal. Des soldats
avaient trouvé plusieurs de leurs défenses. On
me dit qu’on avoit vu ce jour-là une giraffe ; il
est certain qu’elles sont, ainsi que le rhinocéros,
beaucoup plus rares que les éiephans. A deux
heures un quart, nous sortîmes du bois pour
camper sur une plaine couverte de végétaux
herbacés : nous avions fait une marche de
neuf heures trois quarts. Le lendemain 17 décembre
, on partit à quatre heures trois quarts :
au jour, nous découvrîmes devant nous la
montagne d’eï-Qerebyn. On continuait à s’avancer
dans l’ouest quelques dégrés nord, par
de petits sentiers étroits, sur une vaste plaine