inspirée que par cette persuasion intime, universellement
répandue parmi les peuples de ces
contrées, quil est inutile de murmurer contre
sa destinée, puisqu ellè est inévitable. Je vis plusieurs
enfans circoncis; il paraît quà l’exemple
du Fazoql, une partie de ces montagnards avaient
embrassé l’islamisme. Plusieurs jeunes femmes
avaient la tête et la figure rougies avec de la
terre d ocre incorporée dans la graisse dont elles
se frottent. II me semblait voir ces visages rubiconds
que l’on remarque dans les peintures
qui décorent les tombeaux des rois égyptiens.
Toutes étaient plus ou moins parées<de colliers,
de bracelets et de ceintures en verroterie de Venise,
articles que colportent les caravanes jusque
dans l’intérieur de l’Afrique. Plusieurs d’entre
elles portaient au cou un ornement nommé
konkoneh dans leur langue : c’est un coléoptère
à élytres durs et coriaces , que l’on vide et auquel
on arrache la tête et les pieds. On y adapte un
Ces nègres idolâtres attachent-ils aussi quelque ide'e superstitieuse.
à cette espèce dé parure ? faut-il y voir quelque analogie
avec le scarabéerévéré jadis en Ethiopie et en Egypte. Ce fut
là ma première pensée. Mais je me rappelai que. l’usage de faire
servir comme ornement divers coléoptères, est très-répandu chez
uni grand nombre de peuples de l’ancien et du nouveau monde,
et que rien n’a fait encore soupçonner qu’il eût quelque rapport
petit cordon en cuir, pour pouvoir le suspendre
âu collier. ( Voyez vol. H, pl. LYI, fig. 21.)
Je m’approchai d’une jeune fille, et la priai
de me donner le sien. Elle me fit signe de le
détacher moi-même ; elle avait les mains liées.
Je me serais fait scrupule de la priver de ce joyau,
si je n’eusse été convaincu qu’elle ne le conserverait
point; car les soldats dépouillaient déjà
ses compagnes d’infortune des bagatelles dont
se composait leur mesquine parure, pour en
faire de l’argent au Sennâr. Je remarquai quelques
femmes qui avaient les cheveux réunis par
petites tresses, et do fit le sommet de la tête
était couvert d’un réseau d’où pendaient plusieurs
cordelettes qui leur couvraient le haut de
la figure et le derrière du cou. Ces cordelettes,
qui s’agitent au moindre mouvement, ont peut-
être la destination d’écarter de leur tête les insectes
ailés. Cette coiffure a quelque rapport
avec celles de certaines figures sculptées dans
les anciens tombeaux d’Egypte, et que je donne
comme objets de comparaison (vol. H, pl. LVI,
fig. 17 et 171.)
à des croyances religieuses. On nous apporte quelquefois du Brésil
des bijoux de ce genre, joliment préparés et curieux par les belles
couleurs des insectes qu’on y emploie.