de latitude nord, et par 28° 25' 15" de longitude
à l’est de Paris. Ce point, comme tant
d’autres durant notre voyage, n’avait point encore
été déterminé astronomiquement. A Don-
golah, nous approchions de la véritable limite
des pluies : aussi l’état nébuleux de l’atmosphère
nous contrariait-il souvent dans nos observations ;
nous avions perdu ce'beau ciel de la haute
Egypte et de la basse Nubie.
Kafis-Effendy continuait à me donner beaucoup
de marques d’attention ; il m’amena le habir
qui devait nous escorter jusqu’à la hauteur
d’Edab sur le Nil. La caravane prenait en cet
endroit le désert pour se rendre au Kourdofan ;
il nous conseillait cependant de traverser le
fleuve à Dongolah - Agouz , la rive orientale
étant moins dangereuse. N’espérant trouver des
antiquités ni de l’un ni de l’autre côté du Nil, je
me décidai à suivre cet avis: En conséquence,
le départ fut fixé au lendemain 27.
Dès le matin, les gens de la caravane chargèrent
leurs chameaux, au nombre de cent
trente environ. Nous les laissâmes prendre le
devant, et bientôt nous pûmes les rejoindre. En
passant par les villages, où les jours d’arrivée et
de départ sont pour les caravanes des jours de
fête , nos compagnons de voyage frappaient
sur des tambours et des vases de cuivre, faisaient
retentir le son aigre de leurs flûtes, et
tiraient des coups de fusil. Leurs objets de chargement
pour le Kourdofan consistaient en savon
f sucre, toiles fines, indiennes, et divers articles
de quincaillerie, tels que rasôirs, couteaux,
verroterie de Venise, petits miroirs. A Edab ,
village situé sur les bords du Nil, à quelques
lieues de Dongolah-Agouz, le fleuve prend son
cours à l’e s t, et au nord-est par conséquent
de ce point : là, les caravanes entrent dans le
désert et se dirigent au sud pour se rendre au
Kourdofan et au Darfour.
Les acacias se montraient en grand nombre
sur la route que nous suivions; les dattiers devenaient
plus rares ; les cultures, moins bien
soignées, n’occupaient plus des espaces aussi
considérables. Depuis el-Mecyd el-Hadjar, tout
le sol est de grès ; mais on voit rarement cette
matière quartzeuse se montrer à la surface, qui
en général est couverte de terré ou d’une couche
sablonneuse. L’approche de la région des pluies
change beaucoup l’aspect du terrain : ce n’étaient
plus les rochers nus et arides de la basse
NuÎ)ie.