Egypte : un grand nombre d’expressions usuelles
s’y rapprochent du véritable arabe parlé en Syrie,
dans le pachalik d’AIep.
CHAPITRE XXXV.
Visite au ci-devant roi Bâdy et au me'Iik Nimir. — Rapport sur
les monumens d’el-Meçaourât et de Naga. — Entrevue avec
Ismâyl pacha. — De'taiis sur l’ambassade et i’assassinat de M. du
Roule. — Expédition dans la province d’ei-Aïze.— Maladies.—
Détails sur celle d’un voyageur italien.— Découverte du scarabée
sacré primitif des anciens. — Mortalité parmi les troupes.
— Prise du Kourdofan.— Inquiétude d’Ismâyï envers les ha-
bitans. — Arrivée d’Ibrahym pacha. —-Mort de six Européens.
Le 22 juillet, j’allai voir le ci-devant roi Bâdy.
Je le trouvai assis sur un tabouret, dans une
cour de sa maison, où il prenait le frais : il me fit
apporter une natte en paille, sur laquelle je me
plaçai. A sa droite étaient sonministre et quelques
personnes de sa suite. II était vêtu d’une large
chemise de toile blanche, les jambes nues, de
longues sandales aux pieds, la tête couverte
du bonnet particulier aux méliks. On lui apporta
une pipe faite d’un simple tuyau de bois, des plus
communes du pays. On me servit le café.
Bâdy est un homme de quarante ans environ,
d’une taille moyenne, robuste, d’une figure
pleine et agréable, ayant les cheveux crépus et
le teint de couleur cuivrée, qui est celui de la
race des Foungis, que l’on nomme , pour cette
raison, el-Soudan azraq. II me demanda quelle
différence je faisais entre mon pays et le sien :
il me croyait de Constantinople, et je lui en fis
un portrait qui effaçait entièrement sa ville de
Sennâr. « Aujourd’h u i, me fit - il observer,
» Sennâr n’est plus reconnaissable ; il est bien
■» loin de ce qu’il était du temps de mes an-
»cêtres. » Puis, d’un air visiblement ému, il
me fit voir de chez lui les ruines du palais de
son père, qui dominent encore toute la ville.
» Ces décombres, me dit-il, sont les restes de
» la puissance de mes aïeux, dont jadis la force
» et l’opulence jiortèrent les limites du territoire
» jusqu’aux confins du Dongolah ! » II se tut, et
semblait penser en lui-même : Aujourd’hui sous
le joug des Turcs, je ne suis plus rien! Ces souvenirs
l’affectaient péniblement. Il me parut b o n ,
honnête. N’ayant rien à lui offrir qui fût digne
de son rang, je lui donnai une de mes boites
d’allumettes oxygénées : lorsqu’il en vit une s’enflammer
dans l’acide sulfurique, il fit une excla