curieux détails dont je vais faire connaître une
partie.
L’armée, après avoir quitté Syène, vint à la
hauteur d’Ouâdy - Alfa, où elle resta campée
pendant vingt jours, retenue par ie passage des
barques dans la cataracte : continuant sa marche
sur la partie gauche du fleuve , elle s’avança à
petites journées vers Dongolah, où elle séjourna
quelque temps ; elle alla ensuite à Marakah, résidence
des mamlouks qui avaient pris la fuite.
Les troupes marchèrent encore cinq jours : jusque
là, les Chaykyés et les méliks avaient fait
leur soumission ; mais il n’en fut pas de même de
fa province Dâr-Chaykyé, où les habitans soutinrent
avec opiniâtreté plusieurs combats qui
durent en partie les anéantir.
Les barques chargées des provisions de i’ar-
mée furent retardées par le passage des cataractes,
et les troupes eurent à souffrir d’une
disette momentanée. Le pacha , avec l’avant-
garde, s’avança peut-être imprudemment pendant
six jours. Il fut bien surpris de trouver les
Chaykyés sous les armes, disposés à combattre :
ifn’âvait ni canons, ni forces suffisantes pour
s’assurer un grand Succès. Arrivée à quelque distance
de Korti, f’armée se reposa deux jours
dans une campagne ensemencée de dourah, sur
le bord du fleuve. Ismâyl envoya des parlementaires
aux Chaykyés, pour leur signifier que les
ordres de son père étaient de faire d eux des cultivateurs
; qu’ainsi ils eussent à livrer leurs armes,
leurs chevaux, et qu’il se contenterait d un léger
tribut. Les Chaykyés répondirent qu’ils consentaient
à accorder le tribut ; mais quils étaient
résolus à tenter les chances des combats, plutôt
que de se dessaisir de leurs chevaux et de leurs
armes. Le pacha, bien convaincu qu’il ne se
rendrait pas maître du pays sans en venir aux
mains, envoya en reconnaissance cent cavaliers
bédouins qui eurent le malheur de se laisser
surprendre et cerner par un parti nombreux de
Chaykyés. Voyant que toute retraite leur était
interdite, ils se battirent en désespérés , et ils
perdirent soixante-quinze hommes', trente chevaux
, et eurent vingt blessés. Ceux qui purent
échapper vinrent au camp apporter cette funeste
nouvelle ; ils firent connaître la bravoure des
cavaliers chaykyés, leur agilité et leur nombre.
Le pacha avait huit cents hommes de cavalerie,
à la tête desquels étaient A’bdin bey et Haggi-
Hammed ; mais la supériorité que lui donnaient
les armes à feu était incontestable. Les Chaykyés