répondit-on, un signe de souvenir qui atteste
que la maîtresse de la maison a donné le jour à
cinq enfans mâles. Ces os sont ceux d’autant de
moutons mangés successivement en famille, dans
un repas consacré à célébrer la naissance de chaque
enfant. La femme qui m’instruisait de cette
particularité, semblait exprimer, par un certain
air de dépit, que pour une fille on n’y faisait
pas tant de façons. Lorsqu’une femme devient
veuve, elle ne doit pas sortir de la maison pendant
quatre mois; il n’en est pas de même du
Uiari. Le dourah est leur principale nourriture ;
ils en font des gâteaux cuits sous la cendre ;
iis en font également avec de la farine d’orge ;
ils y mettent parfois des dattes, comme friandises.
Des espèces de galettes cuites sur une
dok sont leur mets favori. Ils retirent du dourah
des boissons fermentées, et une eau-de-vie qui
parfois les enivre. Une partie des hommes sont
seulement vêtus d’une chemise en toile de coton ;
d’autres portent, comme les femmes, une pièce
de toile drapée autour du corps, à l’instar des
provinces voisines.
Les gens de guerre proprement dits sont tous
cavaliers : ils n’ont qu’un très-petit nombre d’armes
à feu; leur arme principale est la haste : ils
en portent trois ou quatre de la main gauche, et
les lancent de très-loin avec beaucoup d’adresse
et de célérité, en poussant un cri ; ils ont en outre
un grand sabre à deux tranchans en lames
d’Allemagne, qu’ils garnissent eux-mêmes : un
long bouclier leur sert à parer les coups qu’on
leur porte. Ils montent des étalons de Dongoïah,
qu’ils manoeuvrent avec autant d’agilité que les
mamlouks d’Égypte; ils ont, comme les Turcs,
l’usage d’arrêter court leurs chevaux, ce qui les
perd de bonne heure. Les Chaykyés semblent
plus laborieux que dans les provinces du nord :
ils travaillent fort bien les peaux destinées à leurs
sandales : ils tissent des nattes en paille de diverses
couleurs, dont les nuances, mariées avec
goût, forment des dessins fort agréables. La
langue naturelle est l’arabe ; plusieurs savent le
lire ; leurs écoles sont même renommées, et il y
vient des élèves des provinces environnantes.
Toutes les productions du pays se consomment
sur les lieux; pâr conséquent ils font peu de
commerce. Ils se rendent à Chendy en six jours,
par une vallée du désert, qui a dû être la route
par laquelle les anciens habitans de Nouri ou
Bélel, près Barkai, communiquaient avec Assour
ou Méroé, près de Chendy. A quatre heures de