obtient de la ferméntation du dourah réduit en
pâte. On passe la liqueur dans, de petits paniers,
et on la boit aussitôt. Cette boisson est
épaisse , acide et ne se conserve pas : elle est
nourrissante et émousse singulièrement l’appétit.
Pour faire le beurre, les femmes suspendent
le vase , c’est-à-dire, la courge ou l’outre qui
contrent le la it, et le secouent jusqu’à confection
: la substance butireuse quelles obtiennent,
reste toujours à l’état liquide ; elles la vendent
à la mesure, qui est l’oeuf d’autruche. Le savon
étant rare et cher, on fait quelquefois usage-des
excrémens secs des bestiaux pour décrasser le
linge. Dans les provinces du Nord, et même
en Egypte, dos Arabes de connaissance qui se
rencontrent , ont coutume de se frapper dans
la main , en se donnant le bonjour et s’interrogeant
mutuellement» sur l’état de leur santé,
et cela à diverses reprises : les habitans du
Barbar, plus laconiques dans leurs civilités ,
s’adressent l’un à l’autre, d’un seul coup, dix,
vingt, cent fois le même compliment; par
exemple : salamât acharah, sabàh el-khayr
acharah [soyez dix fois le bien venu, dix fois
bonjour ]. Quelques hommes font de la toile
avec leur coton, et soignent par eux-mêmes
leurs champs : mais ceux qui jouissent de
quelque aisance, emploient des esclaves des
deux sexes pour ces derniers travaux, et se
livrent entièrement au commerce. La province
de Barbar est constamment fréquentée par les
earavanes : ce concours d’étrangers , en donnant
aux productions industrielles et agricoles du
pays un accroissement de valeur , inspire à
ses habitans le goût des spéculations mercantiles.
Aussi les trouve-t-on rarement chez eux :
ils font de fréquens voyages en Egypte, et y
portent toutes les marchandises qu’ils reçoivent
des caravanes , en échange de leurs toiles et
des diverses productions du territoire, parmi
lesquelles le dourah occupe le premier rang.
Cette activité commerciale donne au pays un
air d’aisance; on y compte même beaucoup de
familles riches. Les monnaies qui y ont cours
sont les doublons d’Espagne, les sequins de
Venise et de Hollande ; mais, avant de recevoir
ces pièces, ils s’assurent qu’elles sont de bon
aïoi en les faisant rougir au feu, et les frottant
ensuite avec <ïe la cendre : si l’incandescence
n’a point altéré la couleur de l’or, ils le jugent
suffisamment fin. Les piastres d’argent d’Espagne,
sur-tout celles de Charles IV, y sont préférées :