de ses amis, et sa recommandation nous servit
plus que les iettres du pacha, que l’on ne daigna
pas même regarder. Mon séjour ici devait se
prolonger : il fallait donc travailler à m’y faire
des amis. A cet effet, je m’entourai de tous mes
voisins, et les familiarisai avec nous en leur
donnant de la viande , des peaux de moutons, du
café, des colliers de verroterie pour parer leurs
femmes, et en payant sans marchander tout ce
qu’ils nous fournissaient. Cette conduite nous
eut bientôt mis fort avant dans les bonnes grâces
de nos hôtes : car l’intérêt, ce mobile si puissant
de toutes les actions des hommes, .exerce un
empire suprême sur l’esprit des Arabes. Ici, les
maisons, comme celles des villages que.nous
avions aperçus dans la journée, ont une forme
particulière. Les unes , circulaires , sont surmontées
d’une toiture conique en paille ; les
autres , sont carrées et ont une terrassé pour
couverture. Les murailles, revêtues d’une argoi-le
blanchâtre, sont de quelque apparence pour
des cabanes d’Arabes.
Le 26 , au point du jo u r, accompagné de
M. Letorzec et de deux de mes domestiques,
je me rendis aux grandes pyramides, pour en
prendre une connaissance plus exacte, et en
commencer le plan général. Durant tout le jour,
je fus sur pied pour mesurer les bases, les inclinaisons,
les distances, et orienter un si grand
nombre de monümens. Comme je prévoyais avoir
assez de temps, j’y apportai tous mes soins. Le
coucher du soleil vint, beaucoup trop tôt à mou
gré, interrompre mon travail. Nous retournâmes
au village, où nous attendait un agreste festin :
il consistait en lait et en galettes de froment,
dont nos voisins avaient voulu nous régaler. Les
jours suivans, je continuai à me livrer avec ardeur
aux mêmes occupations. Je ne restais au
village que lorsque j’y étais retenu pour les
observations de longitude ; la nuit, nous nous
occupions d’observations d’étoiles. La latitude
d’Hachour, que j’ai donnée plus haut, est la
moyenne de huit hauteurs méridiennes & alpha de
la grande ourse, et la longitude est la moyenne
de dix calculs de longitude par les distances,
chacun reposant sur huit observations; la variation
est le résultat de quatre observations de
l’amplitude occase du soleil. M. Letorzec calculait
au fur et à mesure nos observations ; moins
préoccupé que moi, il employait ses loisirs à
soigner q u e lle s malades, et il parvint à guérir
de la fièvre deux jeunes femmes de notre
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