port et ie chargement de nos bagages. Nous partîmes
de suite pour Marakah. La route était
belle; dans l’ouest, la vue s’étendait sur des
plaines cultivées ; et des bois d’acacias occupaient
diverses parties de la régionjde l’est. Beaucoup
de gazelles vinrent s’offrir à nos regards.
Nous dépassâmes plusieurs îles et divers hameaux
situés sur les deux rives du fleuve. A
deux heures, nous arrivâmes à Marakah : il ne
fut pas difficile d’y trouver un logement^ car le
village presque entier était désert. J ’habitai la
maison de Mahammed-bey Lelfy, ancien mam-
louck. Marakah est assez bien bâti ; il occupe
un emplacement de 700 mètres de circonférence
: la plupart des ' habitations, isolées l’une
de l’autre, sont grandes et assez commodes ;
elles ont des cours, des terrasses, des écuries :
on voit quelles étaient bien tenues. Les habitans
ne se donnent pas ici la peine de fabriquer
des briques pour élever ces grandes constructions
: leurs murs sont en torchis, c’est-à-dire, en
terre et en paille hachée mêlées ensemble, et
rendues compactes par le tassement et la dessiccation
: ils élèvent ces murs par couches de
30 à 35 centimètres ; quand la première est
sèche, ils en forment une seconde, et ainsi de
suite. Lorsque les mamlouks apprirent l’approche
de l’armée commandée par Ismâyl, ils
étaient encore au nombre de quatre-vingts seulement
: quelques-uns envoyèrent leurs femmes
au Caire ; vingt d’entre eux furent assez con-
fîans pour y aller eux-mêmes implorer ïa clémence
du pacha; les autres se retirèrent à Chendy.
Les mamlouks, à Marakah, étaient très-sujets
aux fièvres malignes, qui y sont endémiques ; ce
fléau en avait détruit un grand nombre. L’armée
d’Ismâyï, à son passage, en éprouva elle-même
les effets pernicieux.
Du haut des terrasses de Marakah , ïa vue se
promène sur le Nil et les plaines fertiles qui ïe
bordent ; on aperçoit dans le sud un bois de
palmiers, et au nord une vaste étendue de terres
incultes, mais couvertes çà et là de nombreux
acacias et d’arbrisseaux de diverses espèces. Une
immense plaine aride et déserte, qui s’étend à
perte de vue dans l’ouest, forme un contraste
choquant au milieu de ce riant tableau.
Le 25 et le 26 janvier, M. Letorzec et moi,
nous nous occupâmes à prendre des hauteurs
méridiennes, et des distances de la lune au soleil,
pour déterminer la position de Marakah. Nous
en conclûmes que ce lieu est situé à 19° 9' 54"