rentes occupations domestiques. Le foyer où se
préparent les alimens est élevé de deux ou trois
pieds au-dessus du sol ; les pierres à écraser le
grain sont également dressées sur des cippes en
maçonnerie ; par-tout on voit des bancs en terre
battue pour servir de sièges. Un certain goût
et un esprit d’ordre semblent régner dans Fen-
semble de ces habitations ; on voit que leurs
propriétaires se sont montrés soigneux de se
procurer diverses commodités : ils recueillent les
eaux de pluie dans une grande citerne et dans
beaucoup d’autres réservoirs moins considérables.
Ces nègres montagnards ne descendent
dans la plaine que pour y soigner leur dourah.
En parcourant leurs maisons, nous y vîmes un
peu de ce grain, quelques gousses de tamarin,
des fruits de baobab, d’heglyg et de nebkas,
fruits qui ne valent pas les plus mauvais des
nôtres. Nous arrivâmes ensuite sur le champ
principal du carnage. Combien jé me sentis
ému, comme je tressaillis d’horreur, à,l'aspect
de ces demeures saceagées, de ces malheureux
égorgés sous leur propre toit pour avoir préféré
la mort à l’esclavage ! Hier encore, pensais-
je, ces lieux agrestes et paisibles étaient habités
par des hommes qui respiraient le bonheur et
le contentement au sein de leurs familles: satisfaits
de la condition où la nature les avait fait
naître , ils ne connaissaient ni les tourmens de
l’ambition, ni le désir d’accroître le cercle de
leurs jouissances I Isolés, solitaires sur la crête
de leurs rochers, ils s y croyaient en sûreté-contre
toutes les attaques. Hélas ! ils ignoraient peut-
être qu’il n’est point d’asyle contre la cupidité
et l’esprit de domination des peuples soi-disant
policés ! Mes yeux ne pouvant supporter plus
long-temps la vue de cette solitude ensanglantée,
je renonçai à pousser plus loin mon examen,
et nous descendîmes le coeur navré de compassion.
Une partie des eaux qui s’écoulent de la
montagne, recueillies dans un grand bassin creusé
sur les terres, sont principalement destinées à
abreuver les nombreux troupeaux qu élèvent
les habitans, et qui consistent en moutons,
chèvres, porcs et quelques vaches. Ils n’ont ni
chameaux ni chevaux: comme ils ne voyagent
point , ces animaux leur seraient en effet de
peu d’utilité.
Le pacha, encouragé par ce premier début,
voulut, avant d’entrer dans le Fâzoql, se porter
sur plusieurs montagnes dans l’ouest, habitées