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 butin.  Il  est à  croire  que ces  forces  durent être  
 encore plus considérables, mais on en avait  exagéré  
 de  beaucoup  l’importance.  Depuis  longtemps  
 il  n’existe plus  de  cavalerie. 
 II  y  a à  Sennâr des  ouvriers  qui  travaillent  
 le fer;  mais tout leur savoir se borne à  faire des  
 clous,  des  couteaux,  des lances,  quelques  ins-  
 trunjens des plus simples pour le menuisier,  qui  
 est  aussi charpentier  et tourneur.  Cet état-ci est  
 celui  où  l’ouvrier  déploie  le  plus  de  talent :  
 comme  ail Caire,  il  travaille parfois  autant  des  
 pieds  que  des mains,  et  son  ouvrage  étonne,  
 lorsqu’on  voit  le  petit  nombre  de  mauvais  
 outils  dont il  fait usage,  Il  y  a des maçons,  des  
 cordonniers,  des  tanneurs.  On  fait  de  la  toile  
 de  coton,  très-large,  nommée  dammour.  Les  
 maisons  sont circulaires (pl. V II, vol. I) et n’ont  
 point  de piliers  au  centre  :  on  les  construit  en  
 commençant  par  la  toiture ;  elle  consiste  en  
 quatre cercles d’inégale grandeur, qui, réunis de  
 distance en  distance avec des branches d’arbres,  
 forment un entonnoir, que l’on couvre de chaume;  
 ensuite, après avoir  dressé  le mur,  soit en terre,  
 soit en pièces de  bois fourchues,  on hisse dessus  
 la couverture,  et la maison est finie. 
 Les hommes  se  livrent  à  l’agriculture  et  au  
 commerce.  Ils n’ont point l’usage  de la charrue  :  
 secondés  par  les  esclaves  des  deux  sexes,  ils  
 labourent les  terres  avec  une  espèce  de  houe,  
 lorsqu’elles  sont encore imprégnées  de  l’eau des  
 pluies. C’est ordinairement au mois d’août qu’on y  
 sème* le dourâh : on le récolte trois mois après, en  
 coupant seulement  l’épi ** ;  la  tige reste en terre  
 et  s’y conserve  verte ; on  en  coupe  au  fur  et  à  
 mesure  pour  la  nourriture  des  bestiaux.  Les  
 épis du  dourah  étant  bien  secs,  on  les  bat  ou  
 on  les  fait  fouler  aux pieds  par les  boeufs pour  
 les  égrener.  Le grain  recueilli  se  conserve  sous  
 terre  dans des fosses  enduites  d’argile. 
 Les  femmes sont  très-laborieuses  :  leur principale  
 occupation  consiste  à  triturer  le  dourâh 
 * Et non au mois  d’octobre ,  comme  l’a  e'crit M. Mengin.  Je  ne  
 puis entreprendre de rectifier beaucoup d’erreurs semblables , bien  
 pardonnables à Fauteur,  qui n’a pas  été sur les lieux. 
 * *  Cette  manière  de  cueillir  le  dourab n’est  plus  usitée  en.  
 Egypte ; on y coupe la tige  avec  l’épi.  Mais les  représentations des  
 travaux  de  la moisson,  trouvées  dans  les  grottes  d’Eïéthia et  sur  
 beaucoup  de  papyrus,  attestent  qu’à  des époques  antérieures  on  
 y  suivait,  en  cela,  la méthode  qui  s’est  conservée  au Sennâr :  car  
 je  ne mets point en doute  que le dourah n’ait été connu des anciens  
 Egyptiens ;  on  a  trouvé  de  ce  grain dans  leurs  tombeaux.  Dans  
 quelques-unes  des  peintures  que  je viens  de  citer,  les  moissonneurs  
 enlèvent des  épis  de  dessus la tige ;  c’est  du  dourah  :  dans  
 d’autres ,  ils scient la tige  par le pied ;  c’est du froment. 
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