qui annonçait que nous aprochions du Fazoqi.
A huit heures trois quarts , nous laissâmes à
lest une petite montagne verdoyante; on continuait
à marcher dans des. massifs de petits
arbres. A midi un quart, nous arrivâmes à une
rivière nommée Tournât: elle avait ici deux cents
pas de largeur. Ses bords sont ombragés par
de grands doums, des acacias, des nebkas, des
arbres papyrifères et autres. Cette rivière court
sud-ouest : les renseignemens que j’ai pu recueillir
placent sa source à plus de vingt jours
de marche au sud de Fazoqï; elle passe, dit-
on, par Dâr el-Galah au Dâr el-Mokadah,
extrémité sud-ouest de F Abyssinie ; là ses eaux
sont rôuges ( sans doute elles tiennent en dissolution
de l’oxide de fe r), et charient de l’or. Les
bords du Tournât sont peu élevés ; son lit est
large : il vient se jeter dans le Nil à une heure
et demie au nord du village de Fazoqi. Il était
alors en grande partie à sec ; néanmoins l’eau y
coule toute l’année. A une lieue un quart de là,
nous traversâmes un groupe de cabanes et des
champs de dourah ; plus loin, à une égale distance,
un petit village nommé Marah ( mot qui
en arabe signifie femme), Toute la journée il
fallut se frayer péniblement un chemin à travers
d’épais massifs d’arbres. A six heures et demie,
on rencontra quelques cabanes de chaume où les
troupes pillèrent tout le dourah qui s’y trouvait :
depuis la sortie du Sennâr il ne s’était fait aucune
distribution.
Ce jour-Ià fut vraiment pour nous un jour de
malheur : d’ahord j’abandonnai un de mes chameaux
, qui mourut sur la route ; sur le soir,
deux autres tombèrent dans un ravin ; il fallut
les décharger, les recharger, ce qui nous prit
beaucoup de temps, et nous résigner encore à
jeter une partie de notre dourah. Cependant la
nuit v in t, et nous restâmes enveloppés par
d’épaisses ténèbres ; nous n’entendions plus que
les pas de quelques traîneurs qui se hâtaient
pour arriver, à Fazoqï : l’armée entière avait
défilé ; en vain nous cherchions à reconnaître
ses traces , l’obscurité les dérobait à nos regards.
L e pénible travail que nous venions de
faire, M, Letorzec et moi ; les fatigues de la
marche que nous avions été contraints de
faire presque toujours à pied; l’embarras de
notre position , tout concourait à nous jetér
dans l’abattement. J ’allai pour prendre de l’eau :
ô douleur! le kerbeh qui la contenait, avait
été brisé par la chute du chameau. Qu’on se
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