celui de Barbar, qu’on prononce aussi Berber,
est un nom générique. La majeure partie de
la province est en plaines, dont les deux tiers
environ sont des champs de dourah : cette
graine se sème au corbaïeram; il ne s’en fait
• * J qu’une récolte par an. On y cultive aussi du coton,
un peu de froment, de l’orge, du dockon,
des pois ou ommoss de diverses espèces, dont
une est bien supérieure en qualité à celles que
j’avais connues jusqu’alors. On n’y fait point
d’huile; le beurre la remplace dans tous ses
usages, et l’on en brûle dans les lampes pour
s’éclairer la nuit. Depuis cinq ans, la haute inondation
du Nil avait privé le pays d’avoir des pastèques.
Cette province manque de bois : l’arbre
le plus commun est l’acacia d’Égypte, dont les
branches s’affaissent souvent sous le poids des
nids d’oiseaux : il y croît, dans le nord, quelques
palmiers doums et un petit nombre de dattiers
d’un faible rapport ; cet arbre, si précieux pour
l’Egypte et les contrées du sud, ne se montre
plus dès qu’on a passé le pays nommé Abou-
Egli, et le sycomore devient rare lorsque l’on
a quitté le Barâbrah , frontière septentrionale
du Barbar. Comme dans la haute Egypte, les
vents du nord régnent dans le Barbar en mars
et en avril : durant quarante - sept jours que
nous passâmes ici,. ils soufflèrent trente - cinq
jours dans cette direction. Dans ce même laps
de temps, sous la tente, le thermomètre centigrade
, exposé au courant d’air, à six heures
du matin, est monté de 13° jusquà 32 ; à
une heure, il allait jusqu’à 46°; à cinq heures
du soir, de 25° jusqu’à 42°. Les pluies, dit-on,
durent ici trois mois ; elles commencent au mois
de ramadân. Cependant il est bon de remarquer
qu’elles ne sont point continues ; car autrement,
la boue dont les villages sont bâtis, retournerait
, en se délayant, à son premier état ; ce
sont de fortes pluies d’orage, assez fréquentes,
mais passagères : elles contribuent à la fertilité
du pays plus que les inondations du Nil, qui, vu
l’élévation des terres, ne peut pas y porter au
loin ses eaux fécondantes. Aussi les années de
sécheresse sont-elles funestes au Barbar : cette
année même, la rareté de la pluie y avait jeté
la désolation. Les Arabes du désert à l’est et à
l’ouest du fleuve, sous cette latitude, ensemencent
avec les pluies. On pourrait supposer , avec
quelque fondement, que l’absence du dattier est
due à cette chuté périodique de l’eau du ciel.
Toutes ces considérations m’engagent à re