cinq mamelons séparés, et occupe en longueur
une étendue de demi-lieue. La substance qui
en constitue la base est une syénite à petites
iames de feld-spath rose-pâle, assez chargée
d’amphibole , et dont les blocs arrondis présentent,
dansleur superposition, le même faciès
que les rochers d’Asouân et de Philæ en
Egypte , c’est-à-dire , cet arrangement fortuit
dont j’ai parié ailleurs, et que les indigènes s’imaginent
avoir été fait par la main des hommes.
La hauteur de ce groupe de montagnes peut
être de six à huit cents pieds. Les terres soulevées
en poussière et portées par les vents dans les
cavités et les fissures de ces rochers, y sont
fixées par les eaux de pluie, et y alimentent une
végétation active, d’autant plus étonnante, que
l’oeil n’aperçoit qu une surface nue et aride en
apparence, et que les nebkas, des acacias, les
heglygs, les tamariniers , le colossal baobab,
et une multitude d’autres arbres, semblent
enracinés dans le sein même de la matière
rocheuse e t y puiser leurs sucs nourriciers.
J ’enrichis ici mon herbier de plusieurs plantes
curieuses. Les singes verts sont en grand nombre
sur la montagne; on y trouve des écureuils, de
petits lions, des chats musqués et autres quadrupèdes.
Nous y tuâmes des pintades, que nous
trouvâmes fort bonnes. Non loin de là, au sud et
à l’ouest, plusieurs rochers de même nature
s’élèvent sur la plaine.
Le 19, j’allai visiter le prince Ibrahym, qui
était campé près de la montagne dOuerka, et
de deux petits villages du même nom, à cinq
quarts de lieue dans l’ouest d’el-Qerebyn. Cette
montagne est de la même formation que la pré-
cédente : comme à e l-Q e reb y n , les habitons cultivent
du douràh dans la saison des pluies. Ils
ont quelques sources dans les montagnes, ou
plutôt des citernes naturelles qui se remplissent
quand il pleut : ‘ils creusent des fossés dans leurs
champs pour y entretenir de l’eau une partie
de l’année; mais toutes ces eaux stagnantes
sont autant de foyers doù la grande chaleur
faitexhaler des'miasmes 'putrides. Ce rjour-là, à
deux heures, le thermomètre sous la tente
monta à 45 degrés.
En arrivant au camp d’Ibrahym, je descendis
chez son médecin en chef, M. Ricci; je le trouvai
inquiet sur la santé du prince. En nous quittant,
ils avaient suivi une route parallèle à la nôtre
à l’ouest : en partant d’ici, ils devaient se diriger
dans le sud-ouest sur Dinka. Durant le trajet,