Vint ensuite le combat au sabre : ils élevaient
cette arme au-dessus de leurs têtes, le balançaient
Ion g-temps, sautillaient en levant un
pied, puis l’autre, fondaient sur la troupe adverse
, et se retiraient après avoir porté quelques
coups avec beaucoup d’agilité. Les deux ministres
et les premiers écuyers de Bâdy montaient
de très-beaux chevaux abyssins, dont les
harnais, ainsi que les garnitures de leurs sabres,
étaient plus ou moins enrichis d’argent. Le monarque
était vêtu d’une aube recouverte d’une
tunique en riche étoffe de l’Inde; le bonnet ,
marque de sa dignité , était de la même étoffe
et piqué; sa forme était ronde, avec deux
pointes sur les côtés {voyez pl. 1 du texte,'
volume III). Il était chaussé de sandales eh
cuir, pareilles à celles des anciens. Son sabre
était orné d’or et dargent, ainsi que les harnais
de son cheval, dont la tête était surmontée d’un
\ panache en plumes d’autruche. On portait près
de Bâdy une grande ombrelle de diverses ’couleurs,
et ressemblant à la couverture d’un pavillon
chinois. Le cortège se remit en marche ;
lés ministres et les écuyers, au nombre de six,
marchaient en avant. Le roi venait,ensuite : un
esclave portait un tabouret couvert d’argent, sur
lequel Bâdy s’asseyait, et dont il se servait pour
monter à. cheval. Derrière lui la troupe suivait
à pied, portant la lance à l’épaule, le fer tourné
vers la terre, en signe de leur soumission à un
pouvoir étranger.
Le 25 juin , arrivèrent du Caire quatre cents
hommes de cavalerie et d’infanterie ; ce qui rendit
l’armée d’Ismâyl forte d’environ quatre mille
hommes.
Jnterrogéant toujours les naturels pour tâcher
de découvrir des monumens d’antiquité, on me
dit qu’à sept lieues de Sennâr, près de Djébel-
Mouyl, il y avait Une grande figure en pierre,
portant un long bonnet, au milieu de ruines
considérables; la forme sous laquelle on me
les dépeignait me fit conjecturer que c’étaient
encore des pyramides. Le qâdy du Sennâr m’assurait
les avoir vues lui-méme.
Je brûlais d’impatience de faire une excursion
à cette montagne, que j’avais sous les yeux dans
l’ouest du Sennâr; mais il était imprudent d’y
aller seul : je manifestai mon désir au pacha,
qui mit aussitôt dix Bédouins à ma disposition.
Le 5 juillet, je partis avec cette escorte pour
Djébei-Mouyl. Je fus surpris de trouver sur la
route dix villages, et beaucoup de terrés cul