le faible hommage de ma reconnaissance; ce fut
à lui que je dus des conseils et des instructions
qui me guidèrent sur la Mer-Rouge, dans mes
premiers voyages en Egypte. Les sciences, par
la mort de cet homme estimable, ont perdu un
sectateur aussi zélé que profondément instruit.
CHAPITRE XXVffl.
Visite à Ismâyl pacha. — Village d’el-Mekheyr. — Visite au méïik
Nâser-A’dyn. — Observations astronomiques. — Barbar ; productions
du pays. — Observations barométriques ; époque des
pluies ; peuple, caractère, usages, costume.—Rapport de divers
usages avec ceux des anciens. — Lois. — Occupation^ des
habitans; commerce, communications.
Le 6 , j’allai faire visite à Ismâyl pacha avec
mon interprète turc. Dès l’abord, le prince m’adressa
la parole en italien : ayant bientôt épuisé
le peu qu’il savait de cette langue , il me parla
arabe. Sur ces entrefaites, son interprète qu’il
avait mandé arriva, et on fit signe au mien de
se retirer. II fallait dès-lors que mes expressions
fussent transmises par la voix du principal moteur
do toutes les intrigues ourdies contre moi :
qu’on juge s’il m’était facile de parvenir à mériter
les bonnes grâces du prince. La conversation
roula sur le pays, sur la tenue des troupes
qu’il commandait; je m’extasiai, à son exemple,
sur le spectacle magnifique et imposant qu’elles
avaient donné la veille : j’aurais voulu ajouter
que jamais les théâtres de France ou de l’Italie
ne m’avaient offert une scène plus variée et plus
divertissante ; mais je me retins. A midi, heure
de la prière chez les Turcs, je me retirai dans
ma tente. II n’y avait rien sur cette plage qui
pût attirer mon attention : le grand^village de
Quubouchi était désert, et habité seulement par
quelques faqyrs [ écrivains ].
Le 7 mars, je traversai le Nil avec mon interprète
pour explorer la rive opposée, voir les
grands villages, que l’on disait y ê tre , étudier
les naturels qui les habitent et dont je n’avais
encore vu que quelques individus. Je voulais
aussi aller chez le mélik* Nâser-A’dyn. L a barque
avec laquelle je fis ce trajet était des plus curieuses
par sa simplicité : c’était une espèce de
coffre carré long; le fond était composé de trois
épaisseurs decorce de palmier, dont on avait en
partie retiré les fîlamens, pour la rendre moins
* Dans le Dongolah jusqu’à Barbar, on dit plus généralement
el-Malek et Melek.