174 DES ROCHES GRANITIQUES,
plus qu’une aggrégation confuse qui diffère entièrement
du système particulier de cristallisation,
qui constitue les véritables granits.
Dans cette circonstance, le terme de grès me
paraît convenir parfaitement à la réunion plus ou
moins régulière de ces sables de granit f lorsqu’ils
ont acquis une grande dureté, soit par la pression
des masses et la force de cohésion, soit par la
dissolution d’un de leurs principes, qui a cimenté
les autres parties. Si ces sables, au contraire, sont
restés mobiles, on ne saurait mieux les désigner
que par la dénomination de sables, avec l’épithète
de granitiques, ou de porphjYitiques s’ils
émanent, des porphyres. L’acception de ces noms
devrait être accueillie avec d’autant moins de
difficulté, qu’elle est admise depuis très-longtemps
pour désigner le quartz, et même la pierre
calcaire dans l’çtat pulvérulent; car on dit chaque
jour un grès quartzeux, un sable quartzeux, ou un
grès calcaire, un sable calcaire: ces désignations y
en géologie, sont d’autant plus expressives, qu’elles
caractérisent les substances minérales qui se présentent
sous de telles modifications.
Réunissons ici, autant qu’il est possible, dans
un même tableau, ce que les roches granitiques
présentent de plus instructif à l ’oeil de l’observateur
géologue.
Tableau géologique des granits.
i.° Roches granitiques sans couches apparentes,
avec de grandes divisions rhomhoïdales, formant
des solides de cette forme, qui ont plusieurs
pieds et quelquefois plusieurs toises de longueur.
Le feld-spath, plus abondant que les autres matières,
paraît avoir déterminé cette forme : ces
e'normes rhomboïdes (1) se divisent assez souvent
et naturellement en plus petits (2) ;
2.0 Sans couches apparentes, mais ayant des
solutions de continuité qui forment diverses 1 2
(1) Les granits affectent, dans quelque circonstance,
cette forme d’une manière très-remarquable, tant dans
les Alpes que dans les Pyrénées. L’on voit au bord de 1$
petite rivière de la Volane, en allant du pont de Bridon
à Entraigues, en Vivarais, le granit divisé en énormes
rhomboïdes. << En gravissant le Racipnoï-Kamenn, dit
» Patrin, l ’une des montagnes les plus élevées de l’Altaï,
W en Sibérie; j’ai escaladé pendant deux heures, des blocs
» de granit qui avaient jusqu’à vingt pieds de diamètre,
» et qui tous étaient des rhomboïdes». Patrin, Hist. ncit.
des minéraux, tome I , page io5.
(2) « J’ai trouvé, dit Pasumot, en 1789, du côté de
v> Bai'rège, plusieurs losanges réguliers, que je pourrais
» nommer cristaux de granit : les angles sont en général
» de 7Ô et de 10S degrés ». Pasumot, Voyage dans les
Pyrénées, page 63.