6 q DE LA TERRE CALCAIRE
nom que j’aurais eu envie de proposer ne vaudrait
pas mieux que les autres : il faut donc se
contenter de bien faire connaître le gisement,,
la disposition et les caractères de ce calcaire f|
qui paraît avoir succédé à la formation des granits
, sans qu’on puisse avoir néanmoins aucune
donnée sur l’intervalle qu’il peut y avoir eu
entre le granit formé et l’époque ou les coquilles
ont pris naissance dans le sein des mers,
et ont pu se multiplier en assez grandes quantités,
pour que leurs sédimens. ou leurs restes constituassent
ces cbaînes de montagnes qui se sont
en général appuyées contre les roches granitiques.
Les montagnes de ce calcaire ont une sorte de
disposition qui semble leur appartenir exclusivement
5 car leurs couches sont tantôt horizontales,
tantôt inclinées en sens contraire | quelque fais
verticales, souvent arquées, contournées., feuilletées
ou formant des zigzags.
Les secousses qu’elles peuvent avoir éprouvées
depuis leur antique existence, leur submersion à
diverses époques , l’action souvent repetee des
eaux pluviales , des neiges , des alternatives de
froid et de chaud seraient sans doute de trop
faibles moyens pour expliquer cette variété de
forme ; il est probable que les lois de la cristallisation
sont entrées pour quelque chose dans cet
arrangement singulier, et qu’elles ont donne heu
à ces grandes masses rhomboidales que l’oeil J
DES HAUTES MONTAGNES. 61
distingue encore. Ces montagnes ont aussi quelquefois
des cavernes naturelles.
On disait anciennement que ce calcaire ne contenait
jamais de corps marins; on a dit ensuite
qu’on y trouvait quelques empreintes & ammonites
et de bélemnites : mais depuis que l’histoire
naturelle a fait plus de progrès, que les observations
se sont multipliées , et qu’on a porté un
oeil plus attentif à l’examen de ce calcaire, on a
reconnu qu’il renfermait des ostracites, des pec-
linites, des térébratules, des buccinites et des
ecchinites, et bien d’autres espèces de corps marins,
meme à de grandes hauteurs. Rapportons
ici quelques exemples propres à éclairer cette
partie importante de la géologie, et à dissiper en
même temps les doutes qu’on avait voulu répandre
sur l’existence de ce calcaire avec des corps
organisés à de grandes hauteurs.
Entendons d’abord Saussure nous parler des
corps marins qu’il reconnut dans un calcaire des
Alpes éleve de plus de neuf cent quatre-vingt-
quatre toises. « J’allai, dit-il, à l’est du lac de
« Flame, sur une montagne qui se nomme le
« haut du Verron ou la Croix-de-Fer. Cette
« sommité, élevée de plus de neuf cent quatre-
« vingt-quatre toises au-dessus de la mer, est
« rémarquable en ce que l’on y voit des J ragmens
« d huîtres pétrifiées , coquillages que l’on a
« bien rarement trouvés à une si grande élévation.