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Rapportons à présent, relativement à la motilité
des molécules calcaires et à la tendance qu’elles
ont de se modeler sur des formes diverses, un
exemple que les personnes les moins exercées
dans l’étude des sciences naturelles puissent êtré
a portée d’observer.
Les grandes cavernes qu’on trouve assez souvent
dans les montagnes calcaires , ont attiré
dans tous les temps l’admiration et la curiosité
des hommes. Leur profondeur, leurs sinuosités ,
l ’absence de la lumière , le silence profond qui y
règne; tout inspire une sorte de respect religieux
et de crainte, qui ont rendu célèbres plusieurs de
ces antres , où le vulgaire croit voir sans cesse des
objets merveilleux.
Plusieurs de ces cavernes sont situées dans des
montagnes dont les bancs et les couches renferment
des madrépores, des coquilles de diverses espèces;
tôt de tous les. minéraux en général, celui qui abonde
le plus en formes cristallines diversifiées , j’ai pense
» qu’il pourrait être intéressant de comparer le tableau
M des résultats connus de la cristallisation avec celui que
W présente la théorie, pour savoir jusqu’où s’étend l’ob-
servation dans l’immense série des possibles* . . . **
Et les recherches de ce savant l ’ont conduit à trouver *
que le nombre de toutes les combinaisons possibles était
de huit millions trois cent quatre-vingt-huit mille six
cent quatre. Mémoire sur les nouvelles variétés de chaux
carhonatèe, Annales du Muséum d‘Histoire naturelle t
tom. I , pag. 114 et suiv. par M. Haüy.
il y en a même dont la totalité des pierres n’est
composée que de numulites.
Or qu’observe-t-on dans l’intérieur de ces profonds
labyrinthes, qu’il n’est permis de parcourir
qu’à l’aide de flambeaux? Ici ce sont des nappes
brillantes qui couvrent le sol et le revêtent du plus
bel albâtre ; là, des pyramides resplendissantes, diversifiées
par leur position et parleur hauteur,de
grandes aiguilles disposées en faisceaux, d’autres
en rayons qui pendent des voûtes, ou qui partent
de terre et s’élèvent en obélisques. Si l’on s’enfonce
plus avant, on entre sous de grandes arcades qui
figurent des temples gothiques : des draperies
épaisses, mais transparentes, descendent par ondulations
des parties les plus élevées, et viennent
se développer en festons élégans qui paraissent
ornés de franges brillantes. On trouve, en un mot,
de toute part de grands espaces ou des réduits
mystérieux, ornés de groupes bizarres imitant diverses
figures, et donnant lieu à des illusions et
à des méprises d’autant plus étranges qu’on est
éloigné de la porte du jour , et qu’une sorte de
terreur involontaire semble s’emparer de celui qui
visite et parcourt pour la première fois ees antres
profonds et retirés, où la nature dans le silence
travaille lentement à des opérations qui modifient
ou changent les formes de la matière calcaire.
Cependant, le naturaliste exereé ne voit dans
tout ce brillant appareil et dans tous les résultats