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avec une grande naïveté et même avec une sorte
de crainte, tant ces faits pouvaient paraître extraordinaires
et hardis à cette époque. Voici comment
il s’explique à ce Sujet : Ici on voit des
coquillages de toute espèce , grands , moyens
et petits : les uns sont placés en h a u t, les
autres en bas , et présentent les traits les plus
déliés propres à chaque coquille dans la plus
grande perfection. Or cet endroit est directement
au milieu du pays, et sur des éminences
où ce serait une folie de croire que jamais la
mer fu t venue couvrir les terres et ait laissé là
ces coquilles. U n y a , dit-il» que la main du
Créateur qui puisse produire un pareil chef-
d’oeuvre. Par mi ces pierres, il y en a qui ressemblent
parfaitement au crapaud buccin granulé
ou casque à verrue, à des bivalves et autres
déformés singulières : de sorte que, malgré le
témoignage que j ’ai eu , je ne parle quen craignant
d’ëtre à peine cru de mes lecteurs. Liv. I,
chap. 17. •
Don Ulloa, dans ses Mémoires philosophiques
,' fait mention des corps marins pétrifiés
qu’on voit en place dans la partie élevée où l’on
exploite la mine de mercure de Huanca-Vcliea.
« On voit dans ces montagnes, dit tet auteur,
« des coquilles entières pétrifiées et renfermées
« au milieu de la roche, que les eaux de pluie
K mettent à découvert.. Aussi reconnaît-on chaque
* chose distinctement, en rompant ces pétrifiée
cations, sans pouvoir se tromper ni faire la
« moindre allusion. La plupart de ces coquilles
« sont de l’espèce des bivalves. Quant à la granit
deur, elles varient. On en trouve qui n’ont pas
« un pouce de long; d’autres qui ont depuis un.
« pouce jusqu’à quatre dans leur plus grande
« longueur, sur trois et demi de large ; d’autres
« tiennent un milieu entre ces dimensions. Les
« plus petites ont en général une figure convexe,
« sans aucune différence entre les deux écailles.
« Les autres sont de l’espèce qu’on appelle comte
munément coquilles de pèlerin. Toutes ont des
« stries , et même droites , qui s’engrènent les
« unes dans les autres au bord des deux écailles.
« La matière lapidifîque où se trouvent ces
« coquilles n’est pas la même partout : on en
« voit de couleur noire, d’un grain f in , dur,
te et pesant à proportion ; l’autre est d’un gris
« cendré obscur, et moins dure et moins pesante
« que les premières. Il s’en trouve encore dans
« des rochers si durs qu’ils résistent à l ’acier :
« voilà pourquoi on ne peut les avoir entières.
« Entre les espèces dont je viens de parler, il se
<e trouve encore des fongites, etc. B Mémoires
physiologiques et physiques de don Ulloa, Discours
seizième, pag. 364-
Voici des observations beaucoup plus modernes,
qui ne peuvent laisser subsister aucun doute sur
Tome II. 5