ce feld-spath s’était approprie' la dose suffisante de
potasse qui lui manque, ou celle de soude ou
de chaux qui remplissent les mêmes fonctions al-
kalescentes, ce feld-spath eut acquis le même
degré de fusibilité.
Une quantité si considérable d’alkali enchaînée
dans les feld-spath, est un phénomène digne des
méditations du géologue qui doit observer la nature
en grand;, eiynui ne regardera pas ce fait
comme tenant a une petite circonstance locale,
s’il considère que cette pierre composée forme
une des bases principales des chaînes granitiques
et porphyritiques, qui semblent ceindre la terre
d’un pôle à l ’autre, et quelle entre pour plus
des trois cinquièmes dans la formation des roches
de trapp, qui sont les compagnes ordinaires des
porphyres, et qui ne laissent pas que d’occuper
de grands espaces.
Malgré les rapprochemens remarquables que
présentent les variétés de feld-spath ci-dessus désignées,
relativement à leurs analyses faites par
deux des plus célèbres chimistes , je suis parfaitement
convaincu que la nature, inépuisable dans
ses moyens de combinaisons, de mélanges et de
formation, et qui a une chimie et une puissance
physique qui ne sont pas à la disposition de
l ’homme, ne s’assujétit point à des proportions
strictes dans la formation des minéraux qui dépendent
de la combinaison de plusieurs terres
mises en contact avec tel ou tel acide, ou avec
tel ou tel alkali, et que nous ignorons dans celte
circonstance quelestle véritable point d’équilibre
qui donne naissance à tel ou à tel corps composé,
forcé de se revêtir alors de telle ou telle forme.
Si l’alkali est un des agens nécessaires à la combinaison
des terres qui ont donne naissance aux
différentes variétés de feld-spath, la réunion de
ces substances, n’a pu avoir lieu qu’en admettant
leur déplacement et leur transport dans les lieux
où on les trouve à présent en état d’aggrégation et
de cristallisation plus ou moins régulière. Elles
existaient donc, n’importe sous quelle forme,
avant cette grande époque. Cette vérité ne sera
pas révoquée en doute par ceux qui ont observe
souvent la constitution et le gisement des roches
granitiques, porphyritiques et trappéennes.
Nul autre agent que l’antique Océan, dans un
état de convulsion, n’a pu déplacer et transporter
de si immenses quantités de substances minérales
diverses.
Quelque terrible accident de la nature avait
donc élevé subitement les eaux, en même
temps qu’il les avait douées d’une propriété dissolvante
des plus active; il fallait que des marées
, d’une hauteur considérable, les tinssent
en quelque sorte dans un mouvement périodique
d’agitation, qui a pu se prolonger pendant plusieurs
siècles, dans l’espace desquels tant de ma