5o DE LA TERRE CALCAIRE
« nier point nous nous trouvions en face de la
* grande chaîne de montagnes d’Amntôa et dp
v Tateleou, dont le revers est inhabitable à cause
m de l’énorme quantité de crocodiles monstrueux
« qui vivent dans les marais de cette partie du
« rivage. Eh bien ! ce large plateau qui domine
* toute cette portion de Timor, est entièrement
« composé lui-même de matières madréporiques. »
Voilà sans doute un très-beau fait, relatif aux
madrépores en place dans l’état fossile, et qui ont
existé là en nombre si immense, qu’il en est
résulté dé grandes collines et de vastes plateaux
entièrement composés des dépouilles pierreuses
formées par les polypes. Peut-on voir des preuves
plus frappantes de l’abaissement des mers ?
L'identité de ces madrépores avec ceux qui tapissent
les bas-fonds autour de l’île de Timor,
est démontrée par ce que dit M. Pe'ron ; il
établit ensuite un second fait sur lequel on ne
saurait élever le moindre doute , et qui sert à
prouver doublement l’existence des analogues
dans une multitude de circonstances semblables
à celles-ci. En effet, les deux plus grandes
coquilles connues, la tridacna gigas de Lamarck,
appelée vulgairement le grand bénitier ou la
grande faitière, Yhyppopus du même auteur,
vulgairement le chou, vivent dans cette mer, et
on les retrouve pétrifiés sur les collines de Timor
au milieu des madrépores : or, comme ces
DES MADRÉPORES, 5i
deux genres se distinguent par leur volume , et
par des caractères bien prononcés qui ne per7
mettent pas de les confondre avec d’autres , ce
fait dévient trèsdmportant. Écoutons-en les détails
donnés par M. Péron lui-même. « Cette composi-
« tion est plus frappante encore à Timor. Sur
« le sommet de ces montagnes dont j’ai déjà parlé,
« l’on trouve, a plus de quinze ou dix-huit cents
« pieds au-dessus du niveau de la mer, un grand
« nombre de coquilles incrustées au milieu
« des masses madréporiques qui les forment.
« La plupart de ces coquilles sont à l’état sili-
«t ceuxj quelques-unes, encore à l’état calcaire.,
« sont plus ou moins altérées et friables. Il en est
« de monstrueuses parmi elles. J’en ai vu moite
même, et toutes les personnes de notre exoé-
« dition en ont pu voir, ainsi que moi , plusieurs
« individus qui n’avaient pas moins de quatre
« n cinq pieds de longueur y toutes les grandes
« coquilles appartenaient évidemment au genre
« hyppope et tridacne de M. Lamarck : et, ce qu’il
« y a de plus important, les individus fossiles
<c ressemblent tellement à ceux du même genre
« qu on retrouve sur le rivage au pied des
« montagnes , que je crus pouvoir consigner
« leur identité dans ma topographie générale
« de la baie de Coupang. Il n’est pas, en effet,
‘« jusqu’aux portions gigantesques des tridacnes
« fossiles, qu’on ne retrouve dans celles vivantes.