173 DES ROCHES GRANITIQUES,
telle ou telle substance minérale y manque, que
telle y domine principalement, ou que telle autre
ne s y rencontre que très-rarement; telle la chaux
phosphate'e, la chaux fluate'e, ou le spath calcaire,
trouves non comme corps accidentels dans
des filons, mais comme principes consiituâns, et
e'tant entrés dans la composition de la pâte granitique.
Il est bien essentiel de ne pas confondre avec
de véritables granits, des pierres en quelque sorte
parasites, formées aux dépens même de ceux-ci ;
c’est-à-dire, celles auxquelles il me paraîtrait très-
convenable de donner le nom de grès granitiques
, expression qui caractérise leur genre de
formation. En effet, les géologues qui ont l’habitude
pratique des montagnes, savent très-bien
que des révolutions postérieures à la formation
des granits, et qui se sont même renouvelées sur
des montagnes d’un autre ordre, ont eu lieu sur
la surface du globe j laissant après elles toutes
les traces de l’impétuosité et de la violence. Ces
révolutions, d’après les effets terribles qu’elles ont
occasionées, en détruisant des montagnes ou en
perçant des détroits dans l’épaisseur des plus
grandes chaînes , paraissent dues à des déplace-
mens subits et inattendus de la mer, occasionés
par des causes perturbatrices , qui n’en sont pas
moins réelles et évidentes ,■ quoique nous n’en
connaissions pas les véritables moteurs.
Les efforts incalculables produits par le déplacement
général des mers, et l’accélération du
mouvement de ces masses liquides, après avoir
déchiré, à plusieurs reprises, le sein des montagnes
de granits ,’ en ont disséminé au loin les
matériaux brisés et arrondis par le frottement;
des solfes en ont o été comblés, des vallées recouvertes
et des montagnes même de poudingue en
ont été entièrement formées.
Les débris les plus atténués de tant de détri-
mens pierreux, en raison de leur moindre pesanteur,
ont été transportes plus loin encore, et
ont occupé des places particulières, où on les
retrouve stratifiées couches par couches, ou déposées
en masses informes, qui ont acquis avec
le temps une grande durete, et se sont consolidées
en grès. On ne se trompera ni sur les brèches m
sur les poudingues qui sont émanés de la même
cause ; mais il est à craindre que celui qui n’aurait
pas encore acquis l’habitude de parcourir avec
attention la, ligne des faits et les dégradations de
ces antiques et vastes ruines, ne prit pour un
granit particulier ces aglomérations sablonneuses
formées aux dépens même du granit. En y regardant
plus attentivement et la loupe à la main,
il ne tardera pas à reconnaître que presque tous
les corps pierreux qui sont entrés dans la composition
de cette pierre véritablement secondaire,
ont perdu la plupart de leurs angles, et n’offrent