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/*» DU FELÖ-SPATH
En effet, ne trouve-t-on pas des feld-spaths, ré«
connus pour tels par les mine'ralogues systématiques
les plus rigoureux, dont les uns ont plus
ou moins de potasse ; d’autres dont la soude remplace
lalkali végétal; quelques-uns dans lesquels
la silice diminue de quantité, tandis que l’alumine
augmente en proportion.
Gette manière de considérer les faits, la plus
naturelle et la moins hypothétique de toutes,
particulièrement en géologie, ne semblerait-
elle pas revendiquer la pierre composée dite
triphane, pour être placée sinon dans les
véritables feld - spaths, du moins immédiatement
à leur suite; son analyse, faite par M. Vau-
quelin, donne pour produit 64,4 de silice,
24,4 d’alumine, 3 de chaux, 5 de potasse,
2,2 de fer oxidé, 1 de perte. Qu’importe, d’après
ce que nous avons dit ci-dessus, en donnant
des exemples de cette variation dans les diverses
parties constituantes des feld-spaths, que dans le
triphane la potasse n’y entre que pour 5 , ce
qui ne laisse pas cependant de marquer, et n’est
pas à beaucoup près la ligne des extrêmes, surtout
si l’on considère que la chaux, dans plus
d’une circonstance, peut remplir les fonctions
d’alkali; et cela n’est pas contesté par nos meilleurs
chimistes, ce serait 3 de plus à joindre
à 5 de potasse. Si nous ajoutons à ce qui vient
d’être dit, que l’apparence nacrée, la disposition
DES GRANITS. 127
laminaire, la forme rhomboïdale du triphane, sa
fus.ibilité, son gisement dans un feld-spath accompagné
de quartz et de mica, c’est-à-dire dans une
roche granitique des environs d’Utoa, en Suder-
manie, sont des circonstances assez remarquables
pour réunir cette pierre au feld-spath, ou la placer
du moins immédiatement à sa suite.
Le lazulite, qui d’après les expériences chimiques
de MM. Clément et Désormes, produit
34 de silice, 33 d’alumine et 22 de soude ; la
natrolite, Yanalcyme, la chabasie, et quelques
autres substances de ce genre où l’on trouve la
silice et l’alumine toujours alliées à la potasse ou
à la soude, c’est-à-dire à deux alkalis qui ont les
plus grands rapports, mériteraient peut-être aussi
d’être réunis en un seul grouppe; mais ce qu’il
y a de certain dans tous les cas, et ce qu’on ne
saurait trop répéter, c’est que cette quantité
de soude et de potasse enchaînée dans tant de
pierres et dans tant de rochesd’ancienne formation,
est un fait très-remarquable et digne de la plus
grande attention pour celui qui s’occupe à recueillir
la liste de toutes les substances préexistantes
à la grande opération qui a donné naissance
à la formation des granits, des porphyres, des
feld-spath compactes et des roches trapéennes.
La géologie, si rien n’arrête ses progrès, pourra
tirer un jour le plus grand parti des réflexions naturelles
qu’entraîne l’examen de tant de subs