A cette époque, la substance métallique à laquelle
on a donné le nom de titane, n’était point
connue , la découverte n’en ayant pas encore été
faite.
En visitant en i 8o5 le volcan éteint de Beau-
lieu, à cinq lieues d’Aix, dans le département
des Bouches-du-Rhône, j’y reconnus une grande
et belle coulée de lave si abondante en fer la-
melleux, mélangé de fer octaèdre attirable, qu’on
le voyait briller de toute part lorsque le soleil
frappait dessus; le fond de la lave est composé
d’une substance minérale d’un blanc-jaunâtre,
demi-transparente, disposée en grains entrelacés
parmi des cristaux informes de la même substance
, striée dans quelques parties. Si l’on observe
les cassures fraîches de cette lave avec la loupe,-
on y distingue quelques pores ronds ou oblongs,
qui paraissent être le résultat de l’action du feu.
Le fer attirable se trouve abondamment disséminé
entre les grains et les cristaux fibreux de cette
singulière lave, qui en est tellement surchargée,
quelle en paraît noire à une certaine distance.
J’avais reconnu, plusieurs années auparavant, sur
la partie la plus élevée du mont Meissner, dans
le pays de Hesse - Gassel, une lave analogue à
celle-ci, quand aux substances et au fer : elle
était un peu plus striée et beaucoup plus poreuse
; elle n’existait, au mont Meissner, qu’en
gros blocs arrondis et isolés, au-dessus d’autres
laves terreuses; tandis qu’à Beaulieu cette lave
y est en place et occupe un assez grand espace.
J’avais au premier abord considéré la base de
cette roche volcanisée, inconnue jusqu’alors ,
comme composée dé feld-spath granuleux, de
feld-spath écailleux, et de feld-spath strié; mais
cn y regardant de plus près, je reconnus que sa
structure ne cadrait point avec celle de cette
substance pierreuse, et que sa pesanteur, abstraction
faite de celle du fer, différait considérablement
de celle des feld-spaths.
Ce fut donc pour m’assurer, d’une manière
bien positive, de ses principes constituais, que
je priai M. Vauquelin de vouloir bien se charger
de faire l ’analyse de cette substance minérale
dont j’avais rapporté de fort beaux échantillons.
Ce célèbre chimiste eut la .complaisance de me
dire qu’il se chargerait avec d’autant plus de plaisir
de ce travail, que la composition, de celte roche
volcanisée lui paraissait, ainsi qu’à moi, très-remarquable.
I ;
Le temps qu’exige une analyse faite avec beaucoup
de soin, et surtout un long voyage que je
fus obligé de faire dans cet intervalle, ,né me permirent
de recevoir le travail de M. Vauquelin que
le 27 du mois dé novembre 1807. Je me proposais
de le publier dkns les Annales du Muséum
d histoire naturelle, comme un complément au
Mémoire que j’avais déjà donné sur le volcan