144 DES HOCHES GRANITÎgUES,
stécititiques, les dolomies, les trémolites , les
calcaires dits primitifs avec mica, avec horn-
Llende, avec feld-spatli et autres de ce genre.
Ge n’est point minéralogiquement que je considère
ainsi, sous un même point de vue, des
substances dont la méthode a formé autant de
divisions différentesj mais en géologie, la marche
n’est pas la même; car, sans négliger les détails,
il faut s’occuper nécessairement des masses, et
saisir autant qu’il est possible de grands ensembles,
parce que c’est la véritablement que la nature
laisse apërcevoir la trace des directions qu’elle
a suivie.
Il faut, sans doute, une très-grande habitude
dans l’exercice pénible qu’exige l’examen et la
contemplation d’objets aussi étendus, et que la
pratique nous apprenne à ne pas laisser échapper
les liaisons et les points de contact, souvent interrompus
dans les hautes montagnes, .par dès
accidens postérieurs à leurs formations.
Saussure et Dolomieu avoient senti ces grandes
vérités, et les avoient mises à profit dans plus
d’une occasion pour l’avantage de la science ; mais
malheureusement le fil de leur vie a été tranché
dans le moment où leur esprit, nourris de faits et
de belles observations, aurait pu développer les
résultats de tant de laborieuses recherches sur la
formation des roches granitiques, au sujet desquelles
ils nous ont donné de si excellens détails ;
vîtes g e n e r a l e s . '145
mais ni l’un ni l’autre de ces savans géologues
n’ont agité la grande question relative à l’existence
première des substances minérales qui ont
servi à la formation des granits. L’on sent bien
cependant qu’ils étaient dans la bonne route, et
que la manière attentive et exacte avec laquelle
ils voyaient les objets, en les considérant en grand
sur la nature même, les avait conduits à reconnaître
que toutes les roches composées, proprement
dites, n’avaient pu être formées qu’à la
suite d’une dissolution générale, qui paraissait
tenir à un seul et même système de formation.
D’un autre côté, Patrin, à qui l’on doit rendre
justice, animé de la passion de s’instruire, avait
sacrifié les plus belles années de sa vie à parcourir,
en excellent observateur, les chaînes de la
Sibérie; nous lui devons la connaissance d’une
foule de recherches minéralogiques sur les montagnes
granitiques des monts A lta ï, des monts
Ourals, et de plusieurs autres contrées qui composent
le vaste empire de Russie. Partout il
avait reconnu que les mêmes roches composées,
quoiqu’elles fussent formées en masses, disposées
en grands hancs ou en couches feuilletées ,
granitiques ou porphyritiques, n’étaient que de
simples modifications les unes des autres, et dans
ce cas il était parfaitement d’accord avec Saussure
et avec Dolomieu, sans s’être concerté avec
ces habiles naturalistes.
Tome IL