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terrestres la puisent dans leurs alimens, et que les
innombrables familles qui composent le règne végétal
pompent la chaux par leurs racines,. ou l’aspirent
par les pores absorbans de leurs feuilles.
Buffon , Forlis , Blumenbach, Lamarek, et
quelques autres célèbres scrutateurs de la nature,
avaient adopté depuis long-temps une opinion
bien différente : ils considéraient la chaux comme
le produit immédiat des animaux. J’ai toujours
piensé, et je pense certainement encore comme
ces illustres savans : je développerai dans le cours
de cet ouvrage les motifs sur lesquels j’appuie
cette opinion.
Mais en attendant, qu’il me soit permis de dire
qu’en bonne logique l’on doit s’abstenir de recourir
à des suppositions abstraites, purement hypothétiques
et hors de tout entendement, toutes
les fois qu’on peut suivre pas à pas la marche admirable
et toujours simple de la nature, qui nous
présente de toute part le règne organique, et particulièrement
l’immensité des êtres, qui vivent
dans la mer et en remplissent pour ainsi dire
toutes les places, occupés sans cesse et depuis
des temps infinis à fabriquer cette terre, et à
mettre en jeu les élémens qui servent à sa formation.
En énonçant çette pensée, j’ose espérer qu’on
ne m’accusera pas de considérer les êtres organisés,
comme doués de la faculté de produire avec
rien une substance matérielle bien distincte,dont
les caractères sont invariables et constans , et dont
les combinaisons avec divers acides donnent naissance
à autant de sels pierreux particuliers.
Si j’avais une croyance aussi singulière, je
m’exposerais au reproche que je fais à ceux qui
se trouvant embarrassés pour expliquer des pliér
nomènes nouveaux dont la théorie n’est pas encore
connue, font intervenir à volonté, et toutes,
les fois qu’ils en ont besoin , la puissance suprême,
et lui font créer telle ou telle substance,
qu’ils qualifient alors du titre de matière primitive
, de monde primitif, de granit primitif, de
calcaire primitif, etc.
Je considère les êtres organisés , comme étant
en quelque sorte des instrumens de chimie vi-
vans, propres à séparer, à modifier certains principes
qu’ils puisent dans l’air, dans l’eau, peut-
être même dans la lumière, et dont les molécules
gazeuses, invisibles à notre oeil, mais mises en jeu
par la chaleur, la puissance attractive et la force
vitale, peuvent donner naissance à des résultats
nouveaux, et produire l’union et la combinaison
particulière des élémens qui constituent la substance
matériel leque nous avons appelée chaux.
Or, comme les sources où puisent tant de mit
liards d’êtres organisés de tout genre et de toute
espèce, l ’air et l ’eau, sont en quelque sorte intarissables,
puisque cette dernière se décompose