« J’en ai vu moi-même une valve qui servait
« habituellement d’auget à cinq ou six cochons.
* Dans le fort des Hollandais, il y en avait une
« autre dans laquelle on voyait journellement
v les soldats de la gàrnison laver leur linge. Le
« défaut de couleur, commun aux tridacnes vi-
« vantes et fossiles, devenait une nouvelle raison
« d’identité. Il en était de meme de plusieurs
«c espèces de zoophites, qui, vivant aujourdhui
« sur le rivage , paraissent tellement identiques
« avec quelques-uns de ceux qui forment les
{< montagnes de cette partie de l’ile, que je n’a-
«t vais pas cru devoir balancer a les regarder
« comme tels. *
M. Péron ajoute plus bas : « Ce n’est pas seu-
„ lement dans cet état de mort ou d’inertie que
« les zoophites à Timor doivent exciter l’admi-
« ration et l’intérêt : vivans, ils y encombrent le
« fond de la mer , ils élèvent dans la baie de
* Babâo les récifs et les îles. Celle aux Tortues
« ( Réa Pouloù ) , celle aux Oiseaux ( Bourou
« Pouloù), celle aux Singes ( Codé Pouloù ), sont
« exclusivement leur ouvrage. De longues trai-
« nées de récifs, parties de la pointe de Simao,
« rétrécissent de plus en plus l’ouverture de la
« baie sur ce point : ils rendent inabordables
« les côtes de Fatoumâ, de Soulamâ ; ils pressent
« les atterrissemens sur tous lès points. Déjà, du
* côté d’Osapa, l’on peut, à mer basse, s’avaa-
« cer à plus de trois quarts de lieue sur le rivage
« lui-même abandonné par les flots. C’est là
« qu’avec un étonnement mêlé d’admiration l’on,
« peut jouir à son aise du spectacle merveilleux
K de ces milliers d’animalcules , occupés sans,
« cesse de la formation des rochers sur lesquels,
« on s’avance : tous les genres à la fois sont réu-
« nis aux pieds de l’observateur; ils se pressent
« autour de lui ; leurs formes bizarres et singu-
« lières, les modifications diverses de leurs cou-
« leurs , celles de leur organisation, de leur
« structure, appellent tour à tour ses regards et
« ses méditations ; et lorsque > armé d’une forte
« loupe, il vient à contempler ces êtres si fai-
« blés, il a peine à concevoir commentLj par des
« moyens aussi petits en apparence , la nature
« a pu élever du fond des mers ces vastes, pla-
« teaux de montagnes qui se prolongent sur la
« surface de l’île , et qui paraissent former sa
« substance presque entière.. *
M. Péron, en terminant cette notice intéressante
, dit avec raison que c’est à Timor qu’on
serait à portée , plus que partout ailleurs , de
faire des observations aussi curieuses qu’utiles;
et il serait à désirer, en effet, qu’on envoyât sur
cette île des naturalistes instruits, et en état de
déterminer méthodiquement les. nombreuses espèces
de polypes qui se sont pour ainsi dire
emparés de ces parages ; nous obtiendrions par