losophiquc, s’il en était de ces grandes opéra*
tions de la nature qui exigent des suites incalculables
de siècles , comme de ces petits travaux;
que nous exécutons pour ainsi dire d’un seul jet»
et dont nous pouvons déterminer le temps avec
précision.
Les grands phénomènes qui ont donné naissance
à la formation de toutes les chaînes calcaires ne
sauraient être ainsi circonscrits ; ils tiennent à
tant de données préliminaires et on y reconnaît
une succession si continue et en meme temps si
lente de grands faits physiques , d’événemens et
d’accidens de tant de genres qui en ont interverti ou
suspendu le cours, ou qui l’ont accéléré dans d’autres
circonstances qu’il est absolument impossible
a 1 homme d’enoncer avec la moindre apparence
de certitude, que tels ou tels résultats§tiennent à
une première, à une seconde, à une troisième ou
à une quatrième formation.
Nous ne pouvons dire autre chose , sinon
que les montagnes granitiques sont le produit
d une operation ou d’une^ suite d’opérations qui
ont fait disparaître les formes premières des minéraux
divers qui sont entrés dans la composition
de ces rochers stériles , où nous ne devons plus
trouver le moindre vestige de corps- organisés ,
puisque tout y offre les résultats d’une dissolu-:
tion et d’une cristallisation complète. Mais quelle
a pu etre la duree d’une telle époque ? qui pourra
le dire? et qui osera avancer surtout qu’elle a été
courte ?
Mais lorsque des montagnes d’une autre nature
offrent de toutes parts, dans leurs masses et dans
leurspariies élémentaires, des restes de corpsmarins
oudescorps organisés, d’une conservation qui nous
permet de reconnaître et de distinguer des genres
et des espèces, et que ces montagnes, appuyées
contre celles de granit, disputent avec elles d’é-
tendüe et de hauteur, nous pouvons dire : Les
mers s’élevaient sur ces sommets ; elles étaient
peuplées alors d’êtres vivans de toute espèce :
or combien de siècles a-t-il fallu pour la formation
et pour l’accumulation de tant de matières
d une meme nature ? Est-il certain que nos calculs
soient suffîsans pour les atteindre ? Comment,
d’après cela, oser circonscrire dans une période
déterminée ce qui est le résultat peut-être de cent
périodes diverses ?
Tout ce que nous pouvons dire de plus raisonnable
à ce sujet, c’est que toutes les fois que
nous apercevons dans des couches d’un calcaire
analogue en apparence avec celui dans lequel il
n existe que des coquilles, des empreintes de
plantes ou d’autres débris de végétaux terrestres
bien caractérisés, nous sommes fondés à croire
qu’il y avait déjà des parties du globe découvertes
, c’est-a-dire élevées au-dessus des eaux?
ou la végétation s’était établie : mais comme ces