naturelle au transport de cette immense quantité
de quartz arrachés des roches qui existaient vers
le haut ou à mi-côte des Alpes.
Les eaux de la mer se précipitant à cette époque
avec une force et une vitesse incalculables de ces
sommets, élevés la plupart de quinze cents toises,
durent briser et emporter avec facilité les masses
et les éminences quartzeuses qui se trouvèrent
sur leur passage , et les disséminer en cailloux
roulés dans les parties basses où on les rencontre
à présent en si grande quantité, et où ceux qui
ont forn&é la plaine de la Crau se nivelèrent
d’après la disposition naturelle du fond sur lequel
tant de cailloux roulés furent disséminés.
Ce fut donc parce que des masses énormes
d’eau se précipitèrent subitement de toutes les
parties élevées des Alpes où s'étaient portées les
mers, que tant de débris quartzeux furent formés
parla destruction des roches de cette nature, qui se
trouvèrent en butte à la plus forte action des
courans, se dirigeant naturellement sur les ouvertures
où coulent actuellement les eaux du Rhône,
de l’Isère , de la Durance , et de tant d’autres
torrens qui viennent se perdre dans ces grandes
rivières. Il ne faut donc pas être surpris de ne
plus trouver à présent en place les roches quartzeuses
qui ont donné naissance à tant de cailloux
roulés.
Saussure en cherchait vainement quelques
restes depuis Lyon jusqu’à Avignon ; ce n’était
pas là sans doute, je le répète, qu’il fallait espérer
de les retrouver dans le cas où ils n’auraient pas
été tous détruits. On voit dans la plaine de la Crau
meme des indications contraires, qui résultent
de la nature de quelques pierres qui appartiennent
exclusivement aux Alpes, et qui se trouvent
mêlées avec les cailloux quartzeux qui forment
les neuf dixièmes des autres pierres roulées.
En effet il en existe une, je le répété, qui n’avait
point échappé à l’oeil exercé de Saussure, puisqu’il
dit qu’il en avait vu plusieurs morceaux roulés , la
variolite verte, qui devait le mettre sur la voie de
reconnaître le véritable point de départ des eaux.
Celte pierre, bien distincte, bien caractérisée,
n’ayant son gisement dans tout le revers des
Alpes où le Rhône, l’Isère et la Durance prennent
leur source, que dans la haute vallée cle Ser-
vières, au-dessus de Briançon, il était évident que
c’était des Alpes même et de toute cette grande
ligne alpine que les eaux étaient descendues, et
qu’elles avaient entraîné tous les matériaux qui
ont formé la plaine de la Crau, et les cailloux
roulés quartzeux qui bordent le Rhône depuis
Lyon jusqu’à Arles et y forment des collines. Telle
est l’explication qui paraît la plus simple et la
plus naturelle sur la formation de cette plaine
extraordinaire, dont la surface a vingt lieues carrées
environ, et qui n’est absolument composée