i g o de s Ro c h e s g r a n i t i q u e s ,
berg; on lui a donné de tout temps ce nom, à
cause de l’immensité de grands blocs isolés entassés
les uns au-dessus des autres, qui sont de
toutes les formes et d’autant plus sains, qu’ils ont
résisté à la révolution qui les a détachés de leurs
places primordiales pour les accumuler en nombre
immense sur le penchant et sur le haut de cette
montagne: il y aurait de quoi en approvisionner
l ’Europe entière, si l’Europe actuelle avait, comme
l’ancienne Grèce et l’ancienne Italie, le goût des
monumens qui vont à la postérité, par le choix des
belles matières dures, et par la grandeur colossale
des masses. On trouve d’autres granits noirs et
blancs, dont quelques-uns ont des lames de mica,
dans jdusieurs montagnes; mais les variétés que
nous connaissons en ce genre, n’égalent ni la
beaute ni la solidité de ceux dont je viens de faire
mention.
IV.
GRANIT NOIR d’ÉGYPTE.
[Amphibole noire, qui entrelace cl musqué le
feid-spath en grains très-fins, quelques petites
lames de mica.
Ce granit, en général très-noir, mérite d’autant
plus de fixer l’attention des minéralogistes et des
géologues, que sa couleur, sa dureté, et l’homogénéité
apparente ainsi que la contexture de sa
pâte, lui ont valu dans les temps les plus anciens,
le nom de basalte, quoiquil soit entièrement
étranger aux volcans.
Cette dénomination, donnée à une pierre qui
n’a point été l’ouvrage des feux souterrains, a
occasioné plus d’une erreur, et a établi une divergence
d’opinion entre les minéralogistes, dits vul-
canistes, et ceux qui ont été appelés neptuniens.
Ces derniers, qui avaient probablement sous les
yeux des granits noirs de la nature de ceux d’Egypte,
et dont on voit dans les cabinets tant de
restes de statues antiques, ou qui avaient examiné
des trapps tout aussi noirs et tout aussi durs,
soutenaient, avec beaucoup de raison, que ces
pierres ne portaient aucun des caractères imprimés
par le feu.
Ceux, au contraire, qui avaient bien observé
à leur tour les. laves compactes beaucoup plus
dures, plus s olides, et tout aussi noires, au moins,
que les granits noirs d’Egypte ou que les roches
de trapps, soutenaient avec la même certitude
que ces laves compactes qu’on appelait basalte,
lorsqu'elles avaient la forme prismatique, étaient
le résultat des incendies souterrains.
Il est à présumer que c’est-là ce qui a donné
lieu dans le principe à cette divergence d’opinion,
où l’on aurait été beaucoup plutôt d’accord,
si l’on avait pu s’expliquer et mieux s’entendre.