bois, comme ces plantes, sont au milieu des masses
pierreuses dont ces montagnes sont composées ; il
faut bien en conclure que des événemens physiques
secondaires ont eu lieu, et que là le règne
organique végétal est venu se confondre avec le
règne organique animal.
Nous pouvons tirer aussi des conséquences analogues
dans, la circonstance où des ossemens de
quadrupèdes, aussi bien caractérisés, par exemple,
que le sont ceux des éle'plians, des rhinocéros,
des hippopotames , des tapirs , etc., se trouvent
dans des bancs de pierre dont les stratifications
seraient anciennes : nous pouvons dire, dans
ce cas , qu avant la formation de ces grands dépôts
pierreux , il existait sur la terre des parties découvertes
où ces quadrupèdes avaient vécu.
Ü ne faut plus, dans cette dernière circonstance,
assimiler ceux-ci avec ceux de la meme
espèce qu’on trouve en nombre si considérable
.dans les terrains d’alluvions, ou au milieu des
brèches et des dépôts de pierres roulées qui
attestent les effets de quelque déplacement subit
dès eaux de la mer.
Voilà ce que l’état actuel de nos connaissances
peut nous permettre de savoir d’une maniéré générale
; mais qui est-ce qui oserait, je le répète,
fixer des limites de temps et de lieu à des événemens
d’un si grand ordre, qui se sont répétés
peut-être tant de fois et en tant de manières, que
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les types des corps organisés qui nous'servent
à présent de guides ont été cent et cent fois effacés
, et que ceux que nous reconnaissons dans
les circonstances actuelles des choses sont ensevelis
peut-être dans les débris pulvérulens de toutes
les générations qui les ont précédés.
L’on voit, d’après cela, que les distinctions
de calcaire compacte de Saussure, de calcaire
de transition de Werner, sont des expressions insuffisantes
, moins propres à agrandir nos conceptions
qu’à les resserrer dans des limites trop
étroites.
On aurait pu donner à ce calcaire le nom de
calcaire des hautes montagnes ; mais ce nom
laisserait encore à désirer, et pourrait même induire
quelquefois en erreur : car les causes terribles qui
ont donné lieu au creusement des grandes coupures
et des vallées qui traversent les Alpes pen-
nines, grecques, tyroliennes et autres chaînes de
cet ordre, ayant entraîné j usque dans les plaines les
matériaux et les vastes décombres arrachés du sein
de ces hautes montagnes, le minéralogiste serait
dérouté en trouvant dans le fond de ces plaines
et a de grandes distances ce calcaire, qui ne serait
plus pouf lui le calcaire des hautes montagnes,
puisqu’il le rencontrerait dans des lieux bas, quelquefois
même en si grandes masses et dans des
positions telles qu’il se trouverait embarrassé
pour reconnaître sa véritable origine. Ainsi le