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C?est particulièrement en France , dans le
département de la Haute-Sarthe et au-dessus d’Alençon
, qu’on peut observer de grands gisemens
de ce quartz , qui ne s’y présente pas en masses
isolées, mais qui forme des collines entières et
contiguës de plusieurs lieues de longueur, ou
plutôt des espèces de remparts escarpés qui ont
plus de quatre-vingts pieds de hauteur moyenne,
et sont attenans, tantôt à des granits, tantôt à
des schistes granitiques micacés.
Ce quartz est remarquable, en ce que sa cassure
aune fausse apparence d’un grès quartzeux, dont
les molécules vitreuses seraient intimement liées ;
mais il en diffère entièrement, tant par la disposition
et l’homogénéité des masses , que par la
contexture. C’est un véritable quartz, qui doit être
considéré comme le résultat d’une cristallisation
trop prompte et trop rapprochée ; je l’appellerais
volontiers un quartz salin, relativement à son
grain. Sa couleur présente plusieurs variétés ; on
en trouve de blanc, de grisâtre, de noirâtre, de
rougeâtre : mais ces diverses couleurs , qui n’afc
tèrent point sa demi-transparence, ne permettent
pas d’assimiler ce quartz avec les jaspes.
Il faut donc le considérer comme un quartz
migeneris, d’autant plus remarquable et d’autant
plus intéressant pour les géologues , qu’il doit
être regardé comme l’analogue véritable, quant
à l’espèce, de ces cailloux roulés quartzeux, qui
forment de si longues traînées et occupent de si
grands espaces , qu’ils ont souvent rempli des
vallées entières, et ont fait le désespoir de Saussure
lorsqu’il les suivait depuis Lyon jusqu’à Arles,
et surtout lorsqu’il les considérait dans la plaine
de la Crau ( Campus lapideus ou Campus lier-
culeus des anciens ), dont la surface est de vingt
lieues carrées. Les neuf dixièmes de ces cailloux
sont d’un quartz absolument analogue à celui
du département de la Haute-Sarthe, tant pour la
pâte que pour les nuances de couleurs. Saussure,
après avoir discuté les diverses opinions énoncées
sur l'origine de ces cailloux roulés et les
avoir rejetées, s’arrête à la plus raisonnable et à
la plus probable, en les considérant, avec raison ,
comme le résultat de la destruction d’anciennes
montagnes de quartz qui ont été la proie de la
dernière révolution (1). Cependant il se trouve
un peu embarrassé dans cette circonstance, parce
qu’il ne trouve pas sur la route qu’occupent
ces immenses amas de cadloux roulés quartzeux,
des montagnes de cette nature. J’aime à l’entendre
nous dire : L origine de ces cailloux
de quartz est d ’autant plus difficile à déterminer,
que dans toutes les montagjj.es qui bordent
le Rhône ( depuis Lyon jusqu’à la Crau), et
même dans les chaînes attenantes à ces mon-
(1) Voyez tom. I I I , pag. 4.02, § »198»