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passent à l’état de véritable marbre sr al,bique et
salin. Il seroit meme possible que plusieurs marbres,
tels, par exemple, que ceux de la Flandre noirs et
blancs, qui renferment une si grande quantité de
madrépores, n’eussent pas d’autre origine ; mais
dans tous les cas, je ne crois pas qu’on puisse
se dispenser en géologie d’établir la distinction
des bancs calcaires formés en place par les
madrépores : ce qui est une démonstration de
plus du long séjour de la mer sur toutes les parties
du globe , et une preuve du changement de
température, quelle qu’en puisse être la cause;
car, d’après les belles observations de M. Péron,
l ’un des naturalistes de l’expédition des découvertes
dans les terres australes, tout concourt à
démontrer que les animaux qui forment les zoo-
phites solides se trouvent relégués par la nature
au milieu des mers plus chaudes et plus
paisibles des régions équinoxiales et de celles
qui les avoisinent ( 1). Or, toutes les fois que
nous trouvons les mêmes madrépores en place
dans l’état fossile, sous des latitudes boréales, ne
sommes nous pas autorisés d’après cela à en conclure
que la température a changé depuis lors?
Si nous pouvons faire voir, par plusieurs
(i) Mémoire sur quelques faits zoologiques applicables
à la théorie du globe, par M. F. Péron, pag. 18,
lu à l’Institut, le 3o vendémiaire an XII.
exemples, que ce qui a eu heu autrefois pour la
formation des madrépores en place sur diverses
parties de nos eondnens où nous les trouvons
dans l’état fossile, se répète de la même manière
à présent dans le sein des mers australes , nous
parviendrons à obtenir une preuve de plus, propre
à démontrer que dans des opérations aussi grandes
la nature n’agit que par des moyens simples, presque
toujours uniformes, et dont le cours ne saurait
etre interrompu que lorsque les causes générales,
qui les produisent, cessent. Alors la distinction
d’un calcaire madréporique en place deviendra
absolument nécessaire.
Choisissons ces exemples dans les observations
des voyageurs naturalistes les plus instruits et les
mieux exercés dans l’art de bien voir.
« Toutes les îles basses du tropique de la mer
« du Sud, dit Forster (1), semblent avoir éte'pro-
« duites par des animaux ressemblans aux po-
« lypes qui forment les lithophites. Ces animal-
« cules élèvent peu à peu leurs habitations de
« dessus une base imperceptible, qui s’étend de
« plus en plus, à mesure que la structure s’élève
v davantage; ils emploient pour matériaux une
« espèce de chaux mêlée de substances animales.
(i) Observations faites pendant le second voyage de
M. Cook dans Vhémisphère austral, par Forster, iu-
4- j pag. ai de la traduction française.