38 DE LA TERRE CALCAIRE
Les bancs des carrières âte Mont-Rouge près
de Pairs, qui ont au moins la même épaisseur’
et la même étendue en profondeur que ceux qui
sont sous Paris, auxquels ils se réunissent, sont
composés non-seulement de la même espèce de
cérite ; mais ils reposent sur d’autres bancs aussi
épais et aussi solides, qui ne sont presque entièrement
formés que d’un très-petit corps marin globuleux,
un peu comprimé, qui avait échappé à
l’observation des naturalistes, et que M. Defrance,
à qui les fossiles des environs de Paris, sont si familiers,
a reconnu comme appartenant à un genre
particulier de coquilles, auquel on a donné le nom
de miliolite , parce que chacun de ces petits
corps n’excède pas la grosseur d’un grain de
milet (panicum miliaeeum\ M. de Lamarck,qui
en a formé un genre et en a donné un bon développement
dans ses Mémoires sur les Fossiles des
environs de. Paris, dit avec raison, que * C’est
« avec les plus petits objets que la nature pro?"
« duit partout les phénomènes les plus imposans
v et les plus remarquables. Or c’est encore ici
« un de ces exemples nombreux qui attestent
« que, dans la production des corps vivans, tout
« ce que la nature semble perdre du côté du vo.~
« lume, elle le regagne amplement parle nombre
« des individus, qu’elle multiplie à l’infini et avec
« une promptitude admirable. Aussi les dépouilles
« de ces très-petits corps vivans du règne animal 7
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% influent-elles bien plus sur l’état des masses qui
* composent la surface de notre globe, que celles
« des grands animaux , qui , quoique constituant
« des masses bien plus considérables,sont infini-
« ment moins multipliées dans la nature. » (1)
Les deux exemples que je viens de rapporter au
sujet de l’immense multiplication de certaines espèces
de coquilles, je les ai choisis de préférence
dans les environs d’une cité qui, étant le point
central des lumières , permet à un plus grand
nombre de personnes d’en prendre connaissance;
mais ces deux faits ne sont rien, si on les compare
à une multitude d’autres où la nature nous
offre des collines, et quelquefois même des montagnes
, formées des pierres les plus dures, et qui
ne sont composées que d ’une seule espèce de
corps marin.
Les numismates sont de ce nombre. J’ai observé
dans le Véronais, dans le Vicentin , dans
le Frioul et ailleurs, des bancs de pierres de la
(1) Annales du Muséum, cC Histoire naturelle, tom. V,
pag. 3£g, genre miliolite. M.'de Lamarck distingue sept
espèces de ce genre qu’on trouve dans l’état fossile'; il a
donné avec raison le nom de miliolite des pierres ( milio-
lites saxorum) à celle de Mont-Rouge. Ce qu’il y a de remarquable
, c’est qu’on trouve dans la mer de Corse, sur
les coralines et les fucus, une miliolite vivante, qui est
l’analogue de la miliolites planulata, variété /3. de M. de
Lama rck. On en trouve une autre vivante à la mer du Sud.