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belle couleur de ? émeraude du Pérou, et celle de
la diallage verte tiennent leur principe colorant
de l’oxide d’un me'tal jusqu’alors inconnu, et que
la couleur rouge orange' du plomb de Sibérie y et
le rouge plus éclatant encore, mais nuancé d’un
peu de jaune duspinelle, appartenaient à l’acide
du meme métal. C’est à MM.Vauquelin et Klâprôtir,
que l’on a l’obligation de cette importante découverte.
Comme il fallait donner un nom a ce
nouveau métal, on l’a tiré de ses propriétés co-?
lorantes, ce qui valait mieux que de le puiser
dans les résultats abstraits des formes géométriques
que l’on ne peut obtenir dans plusieurs cas, que
par des calculs qui ne sont pas à la portée de tout
le monde. Ici le mot chrome ( corps colorant ) est
excellent, parcequ’il est dérivé d’une propriété
qui frappe non - seulement les sens, mais qui
tient à celle du minéral, aussi l’a -t-o n adopté
sans peine, tant en France que chez l’étranger;
et il faut remercier bien sincèrement M. Haüy,
qui en est l’auteur, d’avoir fait un aussi bon choix.
MM.Vauquelin et Macquart analysèrent, en
1778, le plomb rouge de Sibérie que ce dernier
avait apporté de Russie. La matière verte qu ils
obtinrent dans un des produits de leurs travaux
chimiques fixa leur attention, et sa couleur sembla
leur désigner une substance métallique particulière
unie au plomb rouge. Voyez page 186,
de l’Essai de Minéralogie de Macquart. Les choses
en restèrent-là cependant jusqu’en 1791» époque
v u e s générales. 5 q9
OÙM. Vauquelin reprenant ce travail, y reconnut
enfin, d’une manière positive, 1 existence du nouveau
métal. De son côté M. Klaproth faisait à peu
près dans le même temps, un travail qui lui
donna des résultats semblables.
M. Vauquelin réduisit le nouveau métal ;et ce
qu’il en obtint était d’un gris de plomb et avait
l’éclat métallique. Son tissu aigre et cassant était
formé de petits grains fins et serrés, entrecoupés de
très-petites aiguilles qui occupaient des vides; à
l ’extérieur, le morceau était recouvert de semblables
aiguillés cristallines disposées en barbes de
plumes. Le chalumeau n’attaque point ce résultat
, mais convertis la partie qu’on soumet a son
action en une sorte d’efflorescence qui tire sur la
couleur verte : tel est le chrome.
Si la dose d’oxigène propre à oxider le chrome
en vert augmente, la couleur verte commence a
passer au rougé ; j’en ai vu de beaux exemples dans
la collection de Patrin, où l’on voit des cristaux
de plomb de Sibérie, moitié verts et moitié rouges.
C’est sans doute un beau travail de l’art que celui
qui nous a mis à portée de découvrir le principe
colorant qui teint en vert l’émeraude et en
rouge écarlate le spinelle ; et ici la chimie a fait en
quelques sortes des prodiges, en allant arracher
ce secret à la nature.
Je dois observer en même temps que le chrome
n’ayant été trouvé que dans un état de combinaison,
et non dans un état métallique, le minéralogiste