granits ne sont point une pierre primitive, mais
une pierre d’une antiquité' extrêmement reculée*
forme'e avec des matériaux pre'existans.
Quel e'toit ce fluide, dira-t-on, assez abondant
et en même temps assez actif pour dissoudre et
transporter tant d’immenses accumulations de
matières diverses, et former ces masses élevées
qui, comme autant de grands colosses, dominent
sur divers points de la surface du globe?
La disposition mécanique, ainsi que l’assiette
de ces montagnes, leurs couches feuilletées, au
milieu d’autres couches de granit à gros grains
cristallins, semblent nous dire qu’il ne faut pas
aller chercher autre part que dans l’antique
Océan, ce père des choses (1), selon l’expression
heuseuse d’un des plus savans poètes de l’antiquité;
ce fluide, le principal moteur de ces grands
déplacemens et de cette métamorphose des substances
terrestres.
Je ne dirai cependant pas que les eaux seules
de la mer, telles quelles sont à présent, aient
pu, sans le secours de quelqu’autre agent, développer
tant d’énergie et de puissance, ^et l’on
peut faire intervenir l’assistance de tous les gaz,
(i) Non-seulement Virgile et Ovide croyaient la chose
ainsi, mais long-temps avant eux Homère avait la même
manière de voir.
dont la terre est le grand réceptacle , ainsi que le
calorique porté à un haut point de développement
et d’activité; car la nature n’a-t-elle pas sans
cesse a sa disposition ces agens auxiliaires propres
à produire tant de phénomènes.' fr
L’on peut ajouter qu’il n’est point hors de vraisemblance
qu’une pression atmosphérique cent
fois plus forte, peut-être, que celle qui existe
dans le temps de calme où la terre se trouve
présentement, n’ait contribué, par son intervention,
à l’achèvement de cette étonnante opération
de la nature.
Il est nécessaire de se bien expliquer ici sur
l’expression de roches granitiques, à laquelle
je crois devoir donner une extension beaucoup
plus grande que ne l’ont fait jusqu’à ce jour
quelques savans géologues ; car je range sous cette
dénomination, non-seulement les granits proprement
dits, quelle que soit la grosseur de leurs
cristaux ou la petitesse de leurs grains, mais encore
tous les granits feuilletés ou gneiss des minéralogistes
allemands ; les schistes micacés, les
hornblendes, les porphyres les plus parfaits,
ainsi que les roches porphyritiques qui ne sont
que des porphyres moins achevés, si je puis employer
cette expression ; les feld-spaths compactes,
les feld-spaths lamelleuæ, toutes les
roches trappe ennes,'variolitiques, les serpenti-
neuses, les magnésiennes, les talceuses, les