tard arriva très-tien jusqu’au pied de la grande
cristallière ; mais il ne put jamais franchir un
passage aussi étroit que périlleux , où il fallait
placer le pied sur une pierre en console au-dessus
d’un abîme effrayant, et s’accrocher d’une main à
une autre pierre qui n’était pas trop solide : il
n’existait pas d’autre route. Nos domestiques et un
guide qu’on nous avait donné au bourg d’Oisan,
n’osèrent pas franchir ce précipice. Liottard et
moi fûmes les seuls qui entrèrent dans la grande
cristallière, où nous restâmes plus d’une heure a
l’examiner. Mais j’étais jeune, hardi, et surtout
fort étourdi. (1)-
Ce n’est pas ici le seul amas de cristaux de roche
qu’on trouve dans les Alpes du ci-devant Datb-
(i) Le soir de cette pénible journée, nous arrivâmes
au bourg d'Oisan, au pied de ces montagnes solitaires.
Nous nous attendions à n’y trouvèr qu’un gîte analogue
à la position du lieu : quelle fut notre surprise lorsqu’une
jeune dame aimable , d’un bon ton, voyant
notre embarras , voulut bien nous offrir un logement
dans une maison commode et agréable! Cet ange de-
grâces et de beauté , car sa figure était céleste et sa
bonté parfaite, nous accueillit, nous fêta, nous retint
plusieurs jours chez elle. Je ne voyage jamais dans les-
hautes montagnes sans songer à tant d’accueil,,et je ne
prononce jamais le nom du bourg d'Oisan, sans vouer
k cette dame de nouveaux sentimens de reconnaissance
et d’attachement.
phiné, qui en sont bien pourvues, et qui renferment
en outre d’autres belles espèces de minéraux.
On a exploité beaucoup de cristaux de
roche à Marone, à La garde, à Fl rmentière,
à Frenay, à la Grave, à Feaujani, ainsi que
sur d’autres montagnes très-élevées de V Oisan 9
presque constamment couvertes de neiges.
Les Alpes de la Suisse sont tout aussi riches
en ce genre de minéral, et ont fourni des druses
et des aiguilles d’un très-grand volume.
L’île de Madagascar renfermedans ses hautes
montagnes d’Ambotismène ,1a plus belle espèce
et les plus grandes masses de quartz cristallin.
Mon savant et estimable ami M. R ochon, nous a
appris , dans son Foyage aux Indes orientales,
que la plus haute des montagnes d'\Amhostimène
peut avoir dix-huit cents toises au-dessus du
niveau de la mer y que Vaccès de ces montagnes
est3 au dire des insulaires , presque impraticable
aux Européens. Leurs sommets offrent des
escarpemens et des précipices qui en défendent les
abords, et on y rencontre , dit M. Rochon, des
blocs énormes de cristal de roche : les uns sont
cristallisés ; les autres ne paraissent affecter
aucune forme régulière, (i)
(i) Foyage à Madagascar é ta u x Indes orientales ,
par M, Rochon » de l ’Académie royale des Sciences,
pag. 170.