en grandes veines blanches plus ou moins larges
qu’on aperçoit en dehors des escarpemens les
plus rapides, et s’élè^tnt en lignes diagonales
qui disparaissent ensuite et s’enfoncent dans l’é-
paisseur des masses qui leur servent d’appui.
Ces grandes bandes de quartz blanc, qui semblent
s’écarter de la the'orie ordinaire des filons
et paraissent tenir à la formation même des granits,
ont des espèces de soufflures, ou des vidés
plus ou moins étendus, dans lesquels les cristaux
de roche ont pris naissance.
L’intrépide habitant des Alpes, accoutume' dès
l ’enfance à braver les dangers de la chasse du chamois
, non moins passionné pour la recherche
des cristaux, s’associe à plusieurs compagnons de
chasse pour aller attaquer un filon de quartz,
souvent même pour le sonder. Plu.\ d’une fois
alors il se fait suspendre par des cordes au bord
de l’abîme le plus effrayant, frappe aVec un petit
marteau la veine de quartz ; et si elle rend un
son creux , cette indication favorable redoublant
le zèle de tous, l’on avise au moyen d’exploiter
le i filon, et de le .poursuivre en minant
le rocher sans craindre les dangers, les fatigues
et les obstacles de toute espèce. On suit ce travail
avec une persévérance souvent ruineuse, ou qui
n’est couronnée de succès heureux qu’après plusieurs
années de peines infinies.
Ces mineurs ont donné le nom vulgaire de
•poches aux cavités ohlongues qu’ils rencontrent
au milieu des filons, qui dans cette circonstance
ont éprouvé une sorte de boursouflure,
ou plutôt ont formé une géode plus ou moins
évasée, plus ou moins allongée. Ils ont donné
le nom de fours aux cavités beaucoup plus considérables
dans lesquelles on trouve de grandes
quantités de cristaux.
Dans les divers voyages que j’ai faits dans les
hautes Alpes , j’ai assisté à l’ouverture d’une poche
dans laquelle on trouva plus de quinze cents livres
de cristaux : c’était dans V Ois an , dans le ci-
devant Dauphiné. J’ai visité aussi ce qu’on appelle
la grande cristallière auprès des glaciers de la
grande Herpière, en partant du bourg d’Oisan, et
en montant par la Garde , Hués , les granges
d ’Hués, Brandes , la petite Herpière, de là à la
grande Herpière , en escaladant des rochers
presque à pic au milieu des plus affreux abîmes.
C’est le plus grand gisement de cristaux de roche
crui existe dans cette partie des Alpes ; mais l’éloignement
des chalets est si considérable , la
voie si étroite, si escarpée et environnée de tant
de dangers , qu’on ne sait comment en rapporter
des matrices de cristaux un peu volumineuses,
et, malgré sa richesse, on a été forcé
d’abandonner cette exploitation. Je fis ce
voyage pénible avec M. Guettard en 177b; le
botaniste Liotiard nous accompagnait. M. Guet