L’on voit que le cristal de roche se rencontre
à Madagascar , ainsi qu’en Europe, sur les plus
hautes montagnes. Celui qui nous est venu de cette
île est le plus heau et le plus egalement transparent
dans toutes ses parties que nous connaissions :
mais ce sont les niasses arrondies qui nous fournissent
les plus belles matières ; car celui qui provient
des cristaux en prismes, et qui n’a été envoyé'
qu’en petite quantité' du meme pays, n’a pas
à beaucoup près une eau aussi belle et aussi pure.
L’on apporta à Paris, il y a environ vingt ans,
une grande quantité' de cristal de Madagascar en
gros blocs arrondis, dont quelques-uns pesaient
plus de cent cinquante livres : bientôt ils se répandirent
dans le commerce; et les lapidaires,
ainsi que les joailliers , ayant reconnu sa supériorité
sur celui de la Suisse et des Alpes dauphinoises
, s’en approvisionnèrent. On en a de'jà
employé' beaucoup depuis cette e'poque; ce qui
fait qu’il commence à devenir rare. Les blocs
de cristal de roche de Madagascar n’ont la
forme arrondie que parce que les eaux les ont
entraînés des hautes montagnes d'slmbobismène,
et en ont abattu les angles en les faisant rouler
avec rapidité au milieu des débris d’autres pierres.
Il n’est venu que rarement en Europe des cristaux
de roche de Madagascar autrement qu’en
blocs plus ou moins roulés ; ce qui provient de
l’extrême difficulté qu’il y a de pénétrer dans la
/
partie des hautes montagnes où l’on pourrait trouver
de beaux cristaux en grandes aiguilles. Mais la
pâte n’en serait pas plus brillante ni plus égale
de pureté que celle des masses arrondies qu’on
a la facilité de choisir dans le lit des torrens : je
ne crois pas même que les cristaux à deux pointes
soient si diaphanes, si nous en jugeons par une
aiguille de dix-huit pouces de longueur sur trois
pouces de largeur, que M. Rochon, donna au Muséum
d’Histoire naturelle avec beaucoup d’autres
minéraux qi^’il rapporta du cap de Bonne-Espérance
, et notamment la prhénite , que l’on ne
connaissait point encore en Europe avant lui.
Le quartz des régions granitiques se présente
sous un mode différent, à des hauteurs beaucoup
moins considérables que celles où l’on trouve le
cristal de roche. Je laisserais une lacune dans l’histoire
naturelle des divers gisemens du quartz , si
je passais sous silence la manière dont il se montre
dans les montagnes beaucoup plus basses, le plus
souvent au milieu des schistes granitiques micacés
, où on le trouve en masses très-considérables.
Cette dernière distinction n’ayant été faite jusqu’à
présent par aucun géologue, je dois l’appuyer
de faits, et désigner des lieux qu’on puisse visiter
sans beaucoup de peine : quelques exemples suffiront
et mettront les minéralogistes à portée de
faire les mêmes observations ailleurs.
C’est vers la base de la montagne granitique