J’en présentai, il y a plus de huit ans, divers
: échantillons en grains irréguliers brillans,
à MM. Fourcroy et Vauquelin, qui furent fort
e'tonnés de voir le fer dans cet état, et il fallut le
soumettre à l’action de l’aimant, pour les convaincre
que c’était du fer; ils en réduisirent en
poussière plusieurs fragmens, qui ayant été jetés
dans de l’acide muriatique, entrèrent bientôt en
état de dissolution presque complète. A cette
époque cette substance, d’une teinte noire-bleuâtre,
analogue à celle de l’acier bruni , ne fut pas
analysée, et je la considérai comme une modification
particulière quë le fer avait éprouvé par
l ’action des feux volcaniques.
Ce fer vitreux des laves se trouve le plus souvent
en fragmens irréguliers plus ou moins gros, rarement
en cristaux, j’entends de celui qui est d’un
noir brillant. Je le considère chimiquement et minéralogiquement
comme le même que celui qu’on
trouve en si grande abondance et toujours cristallisé
dans le ruisseau d’E xp a illf en Vêlai,
ainsi que celui de Léonédo, dans le Vicentin;
mais dans ces deux gisemens, le fer octaèdre ti-
tané est terne , tant à l’extérieur que dans les cassures
: cette différence d’aspect peut bien ne tenir
qu’à une cause accidentelle ; mais puisqu’elle
existe, il est bon de l’indiquer.
On trouve aussi dans les interstices de certaines
laves compactes ainsi que dans les célulles de quel-
DES PRODUITS VOLCANIQUES. 647
iques laves poreuses du fer spéculaire, dont l’aspect
métallique est d’un brillant d’acier poli; il est
disposé en paillettes, quelquefois en grandes lames,
ou plutôt en cristaux très - aplatis dont les
bords sont disposés en petits biseaux. Lorsqu’on
pulvérise ce fer, on en obtient une poussière
rouge : le fer spéculaire des volcans est le résultat
de la sublimation de ce métal par l’action du
feu (1). Cette espèce de fer n’est pas alliée comme
l’espèce précédente avec le titane.
Comme le fer est abondant en général dans les
laves, ce métal a dû éprouver diverses combinaisons
dans les laboratoires volcaniques; ainsi,
lorsque l’actiyité des feux souterrains s’est portée
sur des substances minérales qui contenaient du
phosphore, ce fer est passé à l’état de phosphate,
dans les parties où ce dégagement a eu lieu ; de là
cette teinte bleue de lavande qui s’est manifestée
sur quelques laves qu’on trouve disséminées dans
le cratère de Mont-Brul en Vivarais, et autres
lieux : de là ce phosphate de fer azuré terreux qui
tapisse les cavités de quelques laves poreuses de
Ccipo-di-Bove, en Italie, du Kal-di-Noto, etc.
Le soufre s’unissant, dans quelques cas particuliers
au fer, a formé des suipbures.
Enfin l’on trouve souvent au Vésuve, à l’Ethna,
(i) V id . Spallanzani, Voyage daus les Deux-Siciles,
tom. II de la Traduction française de M. Toscan.