de cette operation qu'une cause très-simple, produite
par les infiltrations lentes et journalières du
fluide aqueux, qui dissout-, atténué , déplacé les
molécules qui constituent les masses supérieures,
au milieu desquelles sont creusés ces antres profonds,
et modifie en petits cristaux la matière
calcaire des corps marins, dont l’agrégation et les
détritus composent les montagnes calcaires, dans
Je sein desquelles on trouve de semblables cavernes.
Ce sont ces modifications qui effacent à jamais,
dans de telles circonstances, les caractères de l’organisation
animale : et celui à qui l’on présenterait des
morceaux détachés de ces pierres spathiques nouvellement
cristallisées, sans le prévenir de la cause
qui a donné lieu à ce genre de formation, ne prononcerait
il pas une grande erreur s’il annonçait
qu’il les considère comme d’ancienne formation ,
comme provenant d’un calcaire primitif, parce
qu’il ne saurait y reconnaître le plus léger vestige
des corps organiques, c’est-à-dire des coquilles ou
des madrépores, qui ont cependant servi de base
à la formation secondaire de ce calcaire cristallisé ?
Je ne rapporte cet exemple que comme un fait
propre a être pris en considération par ceux meme
qui n’auraient pas fait de profondes études en
minéralogie, mais qui sont amis de 1 exactitude
et de la vérité ; car, en lui-même, ce fait n’est
pour ainsi dire rien à cote des moyens que la
nature sait mettre en oeuvre toutes les fois qu’elle
développe sa puissance en grand, particulièrement
dans ces époques qui tiennent à des causes générales
ou tout semble devoir se confondre et changer
de forme en même temps. Vainement voudrions
- nous éloigner de notre pensée et jeter
dans l’avenir le plus reculé les événemens désastreux
qui attendent notre globe : nous voyons trop
de traces et trop de preuves de ces terribles événemens,
pour ne pas croire qu’ils sont arrivés plusieurs
fois, et qu’ils doivent avoir lieu encore sur
une terre telle que la nôtre, subordonnée à tant
de causes et sujette à tant de vicissitudes ; dans
un système où son rôle est si secondaire et si passif,
que son état de calme et de repos ne saurait être
d’une bien longue durée.
Comme dans un sujet aussi difficile et en même
temps aussi complique que cel ui qui concerne toutes
les modifications du calcaire dans les divers états
où la nature le présente en grand à nos regards,
on ne saurait adopter une marche trop méthodique
ni écarter assez tout ce qui peut embarrasser la
route, il est nécessaire de suspendre la discussion
sur la question de l’origine du calcaire ancien, qualifié
de calcaire primitif : ce sera en traitant des
granits que cette même question pourra retrouver
sa place; et alors le lecteur, qui aura présent à Ja
pensée tout ce que nous allons établir sur le calcaire
moins ancien, sera plus à portée de pro-
Tome W a