que de cailloux roules, qui reposent eux-mêmes
sur un poudingue de plus de quarante pieds
d’épaisseur moyenne.
Cette réunion sur un même point de tant de
pierres arrondies par le frottement, avait toujours
été considérée comme une sorte de phénomène;
elle avait fixé l’attention des anciens. Strabon,
qui en fait mention , lui donne l’épithète d ’admirable
(1). Pline l’appelle le champ des pierres
(2). Mêla lui donne le même nom (3). La
tradition en attribuait l’origine à une pluie de
pierres que Jupiter fit tomber contre Albion et
Génon, deux fils de Neptune, que combattait
Hercule ; allégorie qui pouvait bien cacher le
sens physique de cette fable.
Des quartz qui gisent dans les roches porphy-
rïtiques.
Cette distinction est dans la nature ; elle devient
donc par là aussi essentielle à l’étude de la
géologie , que celle que nous venons d’établir
pour la distinction du quartz des granits.
La ligne qui sépare les porphyres des granits
n’est pas en général aussi prononcée qu’on le dé(
1) Strabón, liv. IV.
(2) Pline, Mist. -nat. liv . I I I .
(5) Pomp. Mêla, Géogr. liv. I I , cliap, 5.
sirerait dans tous les cas ; on les trouve quelquefois
si voisins les uns des autres, que ces deux
genres de roches paraissent appartenir à la même
formation , tandis qu’elles semblent s’en éloigner
dans d’autres circonstances. C’est ici que l’on sent
véritablement tous les avantages qui résultent des
observations locales ; elles sont si nécessaires
que l’on s’égarerait à chaque pas, si l’on voulait
se diriger ici d’après les classifications systématiques
faites par ceux qui n’ont pas vu la nature
, et qui cependant se sont le plus pressés d’écrire
sur ces matières. (1)
Plus l’habitude d’étudier les roches porphyri-
tiques se fortifie en y mettant de la constance
et en variant les observations, plus l’on croit en-
(1) « Je ne veux pas , dit Dolomieu , qu’on croie à la
^ possibilité de devenir lithologiste dans un cabinet,
y> qu’on se dispense de consulter la nature , de visiter
» les montagnes , parce qu’on connaît quelques caractères
» extérieurs : car ceux-là seront bien embarrassés, s’ils
» se transportent dans les Hautes-Alpes, lorsqu’au lieu
» de ces formes bien déterminées que l’on rassemble
w dans les cabinets, ils verront des masses énormes qui
o n’ont rien de régulier; lorsqu’ils trouveront une infinité
» d’espèces mixtes et indéterminées, qu’il faut^bien long-
» temps étudier, comparer entre elles, rapprocher de
» tout ce qui les environne, avant de soupçonner leur
nature. » Dolomieu, Mémoire sur les roches composées
, Journal de Physique, Yentose an n, pag. 192.