mation doit avoir lieu, parce que les laves compactes
qui s’je de'posent dans un e'tat de fusion ,
se trouvant à l’abri du contact de l’air extérieur,
ne peuvent s’y refroidir que d’une manière très-
lente et convenable au retrait prismatique, toutes
les fois surtout que le calme se prolonge pendant
un espace de temps convenable.
C’est dans ce cas seulement, et lorsque la diminution
de la chaleur a lieu d’une manière
graduelle, que les laves peuvent et doivent affecter
des formes prismatiques plus ou moins régulières
, plus ou moins variées. Cette théorie:
est parfaitement d’accord avec les faits, relativement
à l’Etna et au Vésuve ; car l’un et
l’autre de ces volcans ont rejeté plusieurs fois
des tronçons de prismes, observation importante:
qui n’avait pas échappé à Dolomieu pour l’Etna,
ni à Hamilton et à Thompson pour le Vésuve,
dont ils avaient suivi si souvent les éruptions et
étudié tant de fois les phénomènes.
Il ne faut jamais perdre de vue , et on ne
saurait trop le répéter aux personnes qui commencent
à se livrer à l’histoire naturelle des volcans,
qu’aussitôt que l’embrasement se manifeste
à l’extérieur , de ceux qui sont en activité, tels
que l’Etna , le Vésuve, l’Hécla, etc. , les laves
élancées par les explosions s’altèrent et se dénaturent
: les gaz de diverses espèces ne trouvant
plus d’obstacle, s’échappent de toute part ; l’oxi-
VUES GÉNÉRALES . 4 l l
«ène de l’air produit des combinaisons variées , lesvapeurs
aqueuses exercent toutes leurs puissances
les laves se criblent de pores ; les unes se froissent,
se brisent, se triturent et s’élèvent en nuages poudreux
; les autres , retombant plusieurs fois dans e.
foyer embrasé, en ressortent en torrens de laves
torses, scorifiées, vitreuses, écumeuses, etc. Bientôt;
toute la montagne se couvre de décombres qun
reposent sur des décombres plus anciens. E on n&
peut donc observer en dehors d’un, volcan en
activité que les résultats variés de tous les genres,
d’altérations que peuvent éprouver les laves, mais-
nullement les courans immenses de matières fondues
, et en quelque sorte intactes, qui occupent
les vides étendus et profonds qui régnent sous
les volcans , et où les masses accumulées les unes
au-dessus des autres compriment -les gaz , et
forment des espèces de grandes couches qui concentrent
long-temps la chaleur, et peuvent se diviser
en prismes, en colonnes ou en tables, ors
qu’elles parviennent à se refroidir.
Il est à croire , d’après une théorie aussi simple
et aussi naturelle, que si l’Etna, qui repose
sur une base volcanique de soixante lieues e
circonférence, et dont le cône également volcanique
a dix-sep t cent treize toises d’élévation (1 ),
(1) Mesuré par Saussure, d’après la formule de M.
Schuckturg. Voyage dans les Alpes, tom. U , P